Volumes en augmentation, surfaces en progression, nouvelles variétés mais également structuration du marché et ventes à date, Côme Lapierre, secrétaire général de l'Association des Producteurs de Myrtilles de France (APMF) fait le point sur cette campagne de myrtilles et les projets de la filière.
La production française pourrait atteindre un record de 3 300 tonnes
L'année 2025 s'annonce belle pour les producteurs français de myrtilles avec du volume et de la qualité. Les volumes attendus sont en hausse par rapport à 2024 qui avait été marquée par une météo très peu favorable au printemps et un été pluvieux. La production française pourrait atteindre un record de 3 300 tonnes selon les estimations de l'APMF. En 2025, très peu de vergers ont été impactés par le gel de printemps et les nouvelles surfaces plantées ces dernières années rentrent en production avec des volumes en croissance.
Prévisions volume myrtilles France 2025 par région (source APMF) :
· Nouvelle Aquitaine + Occitanie + Provence Alpes- Côte d'Azur : 2 100 T
· Pays de Loire + Centre Val de Loire + Bretagne + Normandie : 850 T
· Grand Est + Rhône Alpes+ Bourgogne/Franche Comté + Hauts de France : 300 T
« Il est important que le verger français se modernise »
© APMFLes surfaces française de myrtilles progressent régulièrement d'environ 50 ha chaque année depuis 3 ans et atteignent désormais la barre des 600 ha. Ces nouveaux vergers se caractérisent par un renouvellement variétal important. Les nouvelles variétés permettent notamment de fournir le marché avec des baies plus grosses et plus fermes. Ou d'apporter des volumes en origine France sur une période plus longue. De nombreux producteurs dans le sud-ouest ont ainsi planté des variétés de type « Rabbiteye » qui fleurissent plus tard et se récoltent à partir de mi-aout jusqu'à octobre. « Il y a de nouvelles variétés plantées en France qui se positionnent sur le créneau tardif mais aussi sur un créneau plus précoce (milieu de saison) grâce aux progrès génétiques réalisés dans le secteur de la myrtille depuis une dizaine d'années. Il était donc important que face à ces avancées le verger français se modernise. Le petit handicap que nous avons en France c'est que nous produisons en majorité des variétés que l'on appelle High chill c'est-à-dire qui ont besoin de beaucoup d'heure de froid (des variétés principalement présentes au nord des Etats-Unis) contrairement aux variétés Low Chill qui ont besoin de moins d'heures de froid, très présentes au sud des Etats-Unis et au Maroc par exemple. Et les plus importants travaux d'hybridation ces dernières années ont porté sur les variétés Low chill, ce qui a permis d'obtenir des variétés très performantes avec une meilleure rentabilité (hauts rendements, facilités de cueille) », explique Côme Lapierre.
Sortir du format 125 g pour faire progresser la consommation ?
Malgré une consommation en progression, la France se classe encore loin derrière les plus gros consommateurs de myrtilles, comme notamment son voisin Outre-manche. « Les chiffres récents indiquent que la consommation par habitant continue d'augmenter en France entre : 170 et 200 g par habitant en 2025 donc c'est une bonne progression mais nous sommes encore très loin des Anglais qui sont à 2kg/habitant. Mais cela montre qu'il y a de très bonnes perspectives pour le marché français ». Problème ? Selon Côme Lapierre : le manque de structuration de la filière. « Jusqu'à maintenant nous nous concentrions sur la production, mais nous allons devoir commencer à travailler sur la structuration du marché ». Car comme le rappelle le secrétaire de l'APMF, la myrtille est un achat d'impulsion et non un achat programmé. « Même si la plupart des distributeurs font aujourd'hui la promotion du made in France, les petits fruits comme la myrtilles sont encore souvent mal travaillés en rayon. Il y a donc un gros travail à réaliser entre producteurs et distributeurs sur la mise en avant du produit ». Autre piste à travailler : celle du format. « La GMS française est très enfermée dans le modèle barquette de 125g ce qui bride beaucoup les volumes, lesquels, commercialisés en vrac pourraient être multipliés par 10, comme l'a d'ailleurs très bien démontré l'enseigne Grand Frais. C'est aussi là-dessus que l'Interprofession anglaise est intervenue, en modifiant totalement la présentation en magasin, avec par exemple des meubles froid dédiés aux fruits rouges ».
© APMF
Un marché qui résiste face à l'arrivée de gros volumes
Malgré un marché un peu encombré du fait d'une récolte plus importante et d'un pic de production habituel en cette période de l'année, le marché résiste. « Disons que ce n'est pas pire que d'habitude. Fin juin début juillet est toujours une période charnière étant donné que des volumes plus importants arrivent des bassins nord et sud en même temps. Mais le marché se comporte plutôt bien au regard de ces volumes supplémentaires ». Les prix, eux, descendent cette semaine « mais rien de catastrophique. Au global, on observe même au niveau des prix de vente moyens une très légère augmentation qui devrait suivre l'inflation ».
Les premières cueillettes de myrtilles françaises ont démarré mi-mai dans les vergers sous abri en Nouvelle Aquitaine (premier bassin de production français avec 60 % de la production nationale) La récolte dans les vergers plein air a démarré début juin, toujours dans le sud-ouest. Les volumes importants de myrtilles seront récoltés dans les vergers de plaine de juin jusqu'à mi-juillet. Les producteurs situés en montagne (Limousin) cueillent plus tardivement en juillet et jusqu'à fin aout. Les régions Pays de Loire et Bretagne Centre/Val de Loire (2ème bassin de production français). La récolte débutera la deuxième quinzaine de juin. Pour les régions Grand Est et Rhône Alpe, le démarrage de la récolte est programmé fin juin/début juillet pour se poursuivre selon les variétés et l'altitude des vergers jusqu'à fin aout.
Pour plus d'informations :
Association des Producteurs de Myrtilles de France
[email protected]
www.myrtilles.com