L'optimisme règne dans la nouvelle saison des Conférence belges. Alors que la récolte de l'année dernière avait été décevante, les volumes de cette année sont beaucoup plus importants et la qualité est généralement excellente. Tony Derwael de Bel'Export prévient toutefois que des défis se profilent à l'horizon. « Beaucoup ont sous-estimé la saison. Ils sont donc surpris par le nombre de kilos et une bonne partie ne sera pas cueillie à temps. »
« Jusqu'à présent, la nouvelle saison des poires belges, mais aussi néerlandaises, s'annonçait très prometteuse », explique le négociant du Borgloon flamand. « Mais je crains qu'un tiers de la récolte ne se fasse trop tard. En effet, les poires qui ne seront pas cueillies cette semaine seront trop mûres, et c'est inquiétant car cela va créer une pression sur le marché. Je conseille aux producteurs qui récoltent tardivement de vendre leurs poires avant le Nouvel An. Ils doivent se débarrasser de leur produit immédiatement, ou nous traîneront tous ce handicap. »

Rester raisonnable
« Pour moi, les producteurs devraient commencer à se demander s'ils ne plantent pas trop. Les poires doivent être récoltées dans une fenêtre de trois semaines, voire deux pour certaines années. Il est donc important de ne pas exploiter plus que ce que l'on peut récolter au cours de ces semaines. De nombreux producteurs continuent à planter, mais il faut alors que le marché évolue en conséquence ! Je parle aussi des coûts de main d'œuvre, équipement, et réfrigération. Certains ne se posent pas la question et des erreurs sont commises, qui coûtent de l'argent à tous. »
Derwael craint que les poires ne fassent que courir après le marché tout au long de la saison. « Avant d'en arriver là, il nous faut simplement veiller à ne pas en vouloir trop. Je travaille dans le secteur depuis plus de 45 ans. J'ai connu des familles de neuf enfants qui possédaient 10 hectares et pouvaient vivre très correctement. Aujourd'hui, tout le monde veut toujours plus. D'énormes investissements sont consentis pour économiser du personnel, mais ça ne change pas le fait qu' il faut toujours faire face, en termes de capacité. Ceux qui peuvent gérer 100 hectares ne sont pas nombreux, tandis que les autres se débattent déjà avec 10 hectares. Il faut rester réaliste et se demander honnêtement combien d'hectares il est possible de bien gérer. »
L'Europe du Sud comme destination d'exportation
Néanmoins, Derwael indique que le problème n'est donc pas la surproduction en général, mais le fait que cette production se retrouve entre des mains incompétentes. « Actuellement, il n'y a pas d'offre excédentaire. Nous avons la chance que l'Europe du Sud abandonne la culture des poires. En conséquent, nous obtenons encore des prix corrects aujourd'hui. L'Italie et l'Espagne produisent beaucoup moins qu'il y a 30 ans. À titre de comparaison, l'Italie, premier producteur européen de poires à l'époque, disposait d'environ 700 000 tonnes. C'est autant que ce que produisent aujourd'hui la Belgique et les Pays-Bas réunis. En outre, la production européenne de poires a fortement diminué au cours des dernières décennies, de sorte que nous disposons encore de bons volumes. »
« Nous n'avons pas absolument besoin de nouveaux marchés d'exportation, mais il est certainement judicieux de les viser sur le long terme. Nous aurons des années avec des productions excédentaires et les jeunes plantations ont tendance à entrer rapidement en production. Nous devons nous tenir prêts pour cet avenir, car il est toujours bon de diversifier son espace de commercialisation. Pour l'instant, malgré la baisse de la consommation, nous n'avons pas encore de problème de surplus d'offre. C'est d'ailleurs pour ça qu'il est dommage de voir qu'un tiers des raisins sera récolté trop tard. Et de très belle qualité en plus : le produit sur lequel nous devons justement nous concentrer pour maintenir l'intérêt du consommateur. »
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