Longtemps « sous-estimée » la pomme transformée s'est fait une place de choix auprès du consommateur français. Avec un marché en forte croissance, la filière pomme entend désormais miser aussi sur ce segment comme en témoigne la création il y a un an de la Commission transformation au sein de l'ANPP. Une commission présidée par Eric Sarazin, qui est revenu sur les perspectives de ce « nouveau » marché lors du lancement de campagne pomme poire, ainsi que sur les perspectives 2025-2026 au regard de la crise du concentré d'orange et de la baisse des volumes d'industrie au niveau européen.
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Pommes transformées : un marché en croissance en volume et en valeur
« Dans la conception qu'on avait du poids relatif de la pomme transformée on sous estimait sans doute les choses », reconnaît Eric Sarazin. Le marché français de la pomme destinée à l'industrie représente désormais près de 320 000 tonnes. La majorité provient des vergers double fin, auxquels s'ajoutent les vergers dédiés ainsi que les importations (pomme fraîche, purée ou jus). En termes de débouchés la compote représente 240 000 tonnes, suivie par la découpe (pâtisserie) avec environ 50 000 t et le jus avec 376 000 tonnes. Au total, les Français consomment donc presque autant de pommes transformées que de pommes fraîches ; le marché du frais étant estimé à 820 000 tonnes, le niveau est proche du volume brut absorbé par l'industrie.
« Aujourd'hui la filière transformée génère de la valeur, c'est certain », souligne Éric Sarazin. Les données Kantar le confirment : depuis 2021, les dépenses moyennes des ménages pour les produits transformés à base de pomme (compote, jus, babyfood) ont dépassé celles consacrées à la pomme fraîche. « Les montants dépensés par foyer se sont établis entre 39 euros/an pour la seule compote en 2024, alors que le frais est à 33 €/an. C'est un indicateur fort qui montre que la transformation est devenue très importante en termes de débouchés, donc effectivement aujourd'hui on la regarde différemment ».
Quelles perspectives pour 2025/2026 ?
A l'échelle européenne, les prévisions* tablent cette année sur une diminution des disponibilités, essentiellement sous l'influence polonaise. Car parmi les principaux pays fournisseurs de pomme d'industrie la tendance est à la baisse générale. La Pologne qui occupe la première place voit son offre industrie en baisse, tout comme l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne.
*Les estimations pour la campagne 2025-2026 ont été établies par les différents pays producteurs européens sur une base d'historique statistiques fin juillet. Il est donc impossible à cette date de connaître le pourcentage d'industrie dans les vergers.
Une aubaine pour la pomme française ? « La crise du concentré de jus d'orange a maintenu des prix élevés et malgré une production mondiale d'orange qui revient en hausse, le marché mettra du temps à se rééquilibrer. Donc on ne connaîtra pas d'augmentation de prix sur le concentré mais un maintien d'autant que certains acteurs comme la Turquie et la Pologne auront du mal à approvisionner le marché. C'est un des premiers éléments qui va structurer le marché de la transformation cette année », explique Eric Sarazin. Or, face à une offre française disponible sans excès, au regard de la récolte, la valorisation est certaine mais elle ne pourra l'être sans base solide. « La transformation n'est pas un dégagement, c'est une source de valeur pour le verger qu'on ne peut plus ignorer. Mais elle doit être valorisée et sécurisée par un développement de contractualisation pluriannuel », insiste t-il. En compote par exemple, la majorité des volumes est écoulée sur le marché libre (37 % sont contractualisés).
La compote toujours numéro 1
Sur la répartition des volumes destinés à l'industrie par débouché (en 2024-2025), l'écrasante majorité volumes est destinée à la compote à hauteur de 87 % (11% pour le jus et 2 % pour les pommes à peler et la gamme babyfood) avec 94 % de conventionnel. Côté marché la destination reste majoritairement domestique puisque 98 % sont écoulés sur marché français contre 2 % à l'export. Zoom compote : la majorité des volumes provient des bicolores (67 %), suivi des Golden et assimilées (29 %) tandis que acidulées restent minoritaire (4 %).
Pomme à peler et babyfood : les segments les mieux valorisés
Si la compote arrive en tête des volumes, c'est le segment Pommes à peler/Babyfood qui est le mieux valorisé avec un prix moyen départ à 488€/T (avec une dynamique toutefois instable au regard de la demande irrégulière). Les compotes, elles, s'établissent à une moyenne de 377 €/T (avec une dynamique qui évolue dans une fourchette plus serrée et contenue), tandis que les jus sont les produits les moins valorisés avec une moyenne de 342 €/T.
Pour plus d'informations :
ANPP
https://lapomme.org