Cela fait une quinzaine de jours que la campagne de la grenade a commencé pour les variétés précoces. « En fonction des variétés, la saison s'étendra jusqu'à la seconde quinzaine de mois d'octobre. Car il faut savoir qu'il existe 1200 variétés de grenadiers, il y en a qui produisent des grenades rouge vif, des rosées, des jaunes, des vertes qui sont tout aussi bonnes que les rouges », rapporte Coralie Arnaud, productrice de grenades à l'Atelier d'Hyppolite qui cultive avec son mari la grenade depuis 13 ans au pied du Vaucluse sur un peu plus de 4 ha et trésorière du syndicat France Grenade. « Nous sommes spécialisés dans l'arboriculture et cherchions à nous diversifier. Il y avait alors un magnifique grenadier planté depuis 50 ans dans le jardin de mes beaux-parents, ce qui nous a donné l'idée de nous lancer dans la culture ».
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La grenade : un fruit emblématique produit sur le bassin méditerranéen
Car si la grenade peut encore être considérée comme un fruit exotique, certaines variétés sont endémiques de notre pays et produites sur tout le bassin méditerranéen. « Nous avons des producteurs implantés du Vars aux Pyrénées Orientales, en passant par le Gard, les Bouches du Rhône et la Drome. C'est un fruit très ancien, représenté dans toutes les cultures et présent dans les trois plus grandes religions que sont le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam. La grenade est très consommée par les populations musulmanes et juives, il s'agit d'ailleurs d'un des fruits emblématiques du Nouvel An juif. C'est un fruit qui fait l'objet de beaucoup de légendes et qui a une histoire très intéressante ».
Un fruit « zéro déchet » de plus en plus consommé
Si aujourd'hui les Français la connaissent peu, elle est de plus en plus consommée en France. « Il y a une très grande consommation de grenades en jus, notamment connu pour ses vertus antioxydantes principalement générées par l'écorce blanche du fruit qui contient 90 % des antioxydants. C'est d'ailleurs un fruit qui a l'avantage de très bien se transformer. Un fruit que l'on peut qualifier de « zéro déchet ». A partir du jus, nous pouvons faire du concentré de jus de mélasse que l'on peut utiliser comme du vinaigre balsamique. Les coproduits peuvent ensuite être valorisés dans l'alimentation animale, la cosmétique ou encore la teinture végétale. La grenade de bouche quant à elle se développe de plus en plus, bien qu'elle ne soit pas encore aujourd'hui totalement démocratisée ».
Une culture qui se prête à la production biologique
Autre avantage de la grenade côté production cette fois, ce fruit historique aux multiples vertus serait aussi relativement facile à cultiver : « Nous avons beaucoup de chance d'avoir très peu de ravageurs aujourd'hui, ce qui fait que la grenade se produit facilement en bio. C'est même un avantage, car le fait de favoriser la biodiversité permet de contrôler naturellement les populations des deux ravageurs principaux que sont le puceron et la cochenille ».
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Une bonne campagne 2025 en perspective
En ce qui concerne la saison 2025, la récolte s'annonce plutôt bien. « Comparé à la campagne précédente qui avait été impactée par un printemps pluvieux, la récolte cette année est plutôt belle. Bien que nous ayons eu 200 mm d'eau en 15 jours, nous avons eu de la chance car les fruits n'ont pas éclaté, ce qui peut être l'inconvénient de la grenade face à un trop plein d'eau. Nous avons une bonne qualité de fruit cette année avec des volumes très corrects ».
Grenade française : une origine encore trop méconnue
Le syndicat France Grenade, créé en 2023, a recensé plus de 80 producteurs qui cultivent à l'heure actuelle la grenade sur 250 ha environ. « Mais la production française est plus importante sachant que l'ensemble des producteurs ne sont pas encore adhérents au syndicat. De plus en plus de viticulteurs se tournent également vers la culture du grenadier, car elle peut ressembler à celle de la vigne. Le raisin comme la grenade se récoltent aux mois de septembre/octobre. Des essais ont été réalisés sur la récolte mécanique avec une vendangeuse et les grenades peuvent être transformées également avec les mêmes outils que l'on utilise pour la fabrication du vin. Seul bémol que l'on rencontre, Les gens ne savent pas forcément que l'on cultive de la grenade française. Les grossistes comme les acheteurs de la grande distribution ont tendance à partir sur des origines telles que l'Espagne, l'Israël, la Turquie et l'Iran qui sont les 2 plus gros producteurs mondiaux sur la période de juillet, août, septembre et octobre. Puis s'en suivent les origines d'Amérique latine telle que le Pérou et le Chili. C'est là tout le travail du syndicat : promouvoir la grenade française et la faire connaître. Le plus gros challenge aujourd'hui est de créer cette place sur le marché pour la grenade française ».
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