Est-il encore possible de cultiver des salades sans pucerons ? De sérieux doutes planent à ce sujet et c'est exactement ce qui a fait l'objet des discussions lors de Lettuce Chain Day. La complexité du problème demande une réflexion intégral, actuellement menée par l'ensemble de la filière.
Vertify, à Zwaagdijk, a ainsi accueilli les acteurs concernés dans le cadre du salon Seed meets Technology afin d'aborder la problématique des pucerons. Ces dernières années, la pression de Nasanoviaribisnigri a atteint des sommets sur les parcelles néerlandaises en plein air. « La situation est assez extraordinaire », a déclaré Dorus Droog de l'exploitation Pater Broersen. D'autres intervenants de la chaîne ont confirmé leurs inquiétudes au cours de la réunion. « Le problème le plus grave est celui de la laitue iceberg, dans laquelle les pucerons peivent se cacher et ont du mal à ressortir. »
© Thijmen Tiersma | FreshPlaza.frLe producteur Dorus Droog partage ses expériences pratiques
Recherche de solutions
Le sentiment au sein de la filière est morose, mais aussi combatif. Les producteurs ont exprimé leurs préoccupations et ont bien compris que malgré tous les efforts, la solution au problème des pucerons n'existe pas pour l'instant. « Je n'ai pas de bonnes nouvelles », a immédiatement déclaré Ilse Vlaar.
Le chef de projet légumes de plein air de Vertify a en effet présenté les résultats des recherches sur les solutions possibles. Après avoir testé toutes sortes de moyens, il y avait encore beaucoup trop de pucerons sur les parcelles d'essai de Vertify et chez les producteurs sur le terrain. L'utilisation de différents types de couvertures peut s'avérer utile, mais crée d'autres défis, tels qu'une perte de lumière ou un climat trop humide, apprécié des pucerons. »
© Thijmen Tiersma | FreshPlaza.frEssai de couverture à Vertify
Manque de ressources
« Jusqu'au 30 octobre 2025, les producteurs peuvent encore utiliser Batavia et Movento, deux agents contre les pucerons. La suppression de Batavia était déjà prévue mais celle de Movento plus inattendue », a déclaré jeudi le conseiller Johan Kos à Vertify, au cours de la présentation d'un nouveau projet de recherche public-privé.
« Lors d'un précédent partenariat de ce type, l'idée était encore de s'appuyer sur Movento. La possibilité d'une intervention chimique pour lutter contre les pucerons a donné au secteur le temps de chercher des alternatives. Ce temps est désormais révolu et la solution n'a pas encore été trouvée. Il y a encore une petite lueur d'espoir, qui est d'obtenir une dérogation pour l'utilisation du Movento. Cela permettrait de gagner du temps. » Toutefois, Kos doute que cela se concrétise. La tendance générale est que le secteur, et pas seulement les producteurs de plein air, doivent se contenter de moins en moins d'agents chimiques de protection des cultures.
D'autres solutions font l'objet d'une attention particulière : Verimark (en cours d'examination par le Ctgb, organimse d'homologation aux Pays-Bas), Neudosan (autorisé, mais pas idéal) et Teppeki (demande en cours, autorisé en Allemagne). En outre, des efforts considérables sont déployés pour utiliser des agents biologiques de protection des cultures, et la sélection variétale et les résistances pourraient également apporter des réponses.
© Thijmen Tiersma | FreshPlaza.fr
Les champs d'essai ont été visités en trois groupes
Lutte biologique
Pascal Staaks a présenté, au nom de Koppert, les résultats de la recherche sur la culture de la laitue iceberg. Les spécialistes de la lutte biologique utilisent la chrysope Crysopha carnea, pour lutter contre les pucerons. Il est clair que les cultures en plein air ne sont pas encore aussi avancées que celles sous serre en ce qui concerne le déploiement d'agents de contrôle biologique. Parmi les défis à relever, citons la recherche de la bonne technique de pulvérisation, la combinaison avec d'autres produits de protection des cultures et le fait que les agents de contrôle biologique sont également des insectes que les consommateurs ne veulent pas trouver dans les salades...
© Thijmen Tiersma | FreshPlaza.fr
Pascal Staaks de Koppert
Du champ à la chaîne
... une problématique bien connue des chaînes de supermarché, qui étaient également présentes. Les magasins reçoivent des plaintes lorsque les consommateurs trouvent des pucerons dans leur salade, ou considèrent leur présence comme un pollution protéique dans un produit dit végétalien sur l'emballage...
Une partie des laitues est proposée entière et non transformée dans les rayons : c'est là que réside le plus gros défi, car les pucerons pénètrent profondément dans les têtes. Mais les stations de découpe sont également confrontées au problème : ils ne parviennent pas à éliminer correctement les quantités parfois très importantes de pucerons, et s'ils y parviennent, l'eau de lavage est alors contaminée par les petits insectes. »
© Thijmen Tiersma | FreshPlaza.frA la recherche de pucerons dans le rang d'icebergs non traitées
Pas d'alternative
Faut-il alors se tourner vers un produit cultivé à l'étranger ou une culture hydroponique ? Des expériences ont été partagées à ce sujet. À l'automne 2023, des camions remplis de laitues infestées en provenance d'Espagne sont arrivés dans un atelier de découpe. Peu de temps après, les producteurs néerlandais ont été victimes du même problème, avec une ampleur inégalée en 2025. Qu'en est-il alors de la laitue sur l'eau, ou dans les cultures verticales ? Reste-t-elle propre ? Non, pas toujours selon un découpeur, qui a trouvé des pucerons cette année dans des salades provenant d'une culture hydroponique.
© Thijmen Tiersma | FreshPlaza.fr
Chercher et trouver le puceron
Variétés résistantes
Ton Smolders, de la société de sélection Enza, a parlé des résistances. La première résistance au puceron existait déjà en 1999. En 2007, cependant, cette résistance au Nas0 a été rompue. Il a fallu attendre jusqu'à cette année pour obtenir une nouvelle résistance appelée Nas1. Les semenciers introduiront l'année prochaine des variétés hautement résistantes Nas1. « Il n'existe pas encore de protocole standard d'évaluation des résistances pour les pucerons. Pour le mildiou, le bremia, il y en a un. Cela reste également une préoccupation dans le secteur. »
© Thijmen Tiersma | FreshPlaza.fr
Les essais sur les maladies fongiques
La tolérance zéro
Les producteurs ne se débarrassent pas des pucerons et les stations de découpe notent que le lavage à 100 % n'est pas possible. Pourtant, le secteur fait face à une tolérance zéro en ce qui concerne les pucerons dans la laitue. Cela s'explique en partie par le fait que les consommateurs n'acceptent pas de voir des insectes dans un sac de salade. Éduquer les consommateurs est une tâche difficile, voire impossible. D'autre part, la tolérance zéro est maintenue, car la réglementation ne permet tout simplement pas la mise en rayon de laitues infestées.
Une raison de plus pour rassembler l'ensemble de la filière, comme cela se fera dans les années à venir dans le cadre du nouveau partenariat public-privé intitulé 'Des laitues saines et cultivées de manière durable en plein champ'. Le producteur Dorus Droog est très optimiste : « Cette fois, il y a une véritable coopération entre tous les acteurs de la chaîne. 2026 promet cependant d'être une saison compliquée sans variétés résistantes pour la culture en plein air en Espagne l'hiver prochain et sans solution pour les producteurs néerlandais. Il reste du travail à faire, en espérant que nos efforts soient couronnés de succès. »
© Thijmen Tiersma | FreshPlaza.fr
Ilse Vlaar de Vertify lors de l'essai de couverture
Pour plus d'informations :
Vertify![]()
[email protected]
www.vertify.nl/