Dans le district de Saramacca, parmi les champs et les serres de plastique, Bhiesnoe Gopal et sa femme Madhevi dirigent depuis 1998 l'entreprise de culture et d'exportation Gopex. Ils y cultivent une gamme impressionnante de fruits et de légumes sur une superficie de 40 ha. Leurs produits sont très demandés sur le marché local, mais aussi en Europe où ils sont acheminés par fret aérien, notamment pour servir le groupe ethnique surinamiens, qui apprécie leurs saveurs familières.
© Google mapsUne heure de route relie Gopex à Paramaribo
La liste des cultures de Gopex se lit comme un menu exotique : des tomates Cobra aux patates douces de toutes les couleurs, en passant par le manioc, l'anthroewa, le gombo, les haricots longs, la papaye et, bien sûr, la très piquante Madame Jeanette. « Nous essayons de cultiver une gamme large. Certains produits, comme le gombo ou les haricots longs, peuvent être récoltés toute l'année. D'autres, comme la mangue ou la knippa, sont saisonniers. »
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Bhiesnoe Gopal parmi les plantes de la serre
Certaines cultures nécessitent des soins particuliers. « Si l'on ombrage trop le tayer, on obtient surtout de longues tiges et peu de feuilles. Dans la serre, nous utilisons donc le plus intelligemment possible un filet d'ombrage. Après de nombreuses années, nous savons mieux comment construire nos serres, car le vent et la pluie peuvent faire des ravages ici. »
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Tous les légumes feuilles sont cultivés à l'intérieur
De l'eau en abondance mais une monnaie faible
Grâce à l'eau des rivières, l'irrigation ne pose pas de problème. Mais il y a d'autres problèmes, comme la faiblesse de la monnaie, le SRD ou dollar surinamais. « Il y a quinze ans, on pouvait échanger un US$ contre 2,70 SRD, il y a trois ans contre 25 et aujourd'hui contre 38. Les importations - et il s'agit de l'essentiel des intrants, des semences aux engrais - sont de plus en plus chères. Le revers de la médaille est que la dévaluation de la monnaie stimule les exportations », explique l'agriculteur et exportateur. Les salaires des travailleurs restent relativement stables. « Un ouvrier gagne environ 1 000 SRD par jour, soit environ 26 US$. Nous pouvons supporter cela, ce sont les coûts des intrants qui pèsent de plus en plus sur les marges. »
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Serres de laitue
De la serre à la cargaison, un parcours parfois épique
Pour l'instant, les exportations de légumes frais se font uniquement par fret aérien. « Nous expédions principalement vers les Pays-Bas. De là, certains de nos produits sont également expédiés vers l'Allemagne ou le Royaume-Uni, là où vivent les Surinamais. Des vols quotidiens sont assurés par KLM et SLM, bien que la concurrence soit rude pour l'espace de chargement. Les colis et le poisson sont également exportés par fret. »
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Serre actuellement vide : Gopex cultive de la laitue pour une chaîne de fastfood et le secteur de la restauration
Les coûts ne sont pas négligeables : « Environ 2 $/kg FOB, sans compter le dédouanement et l'inspection. Et puis il y a la lutte contre les ravageurs et les maladies, en plus des LMR, les limites maximales de résidus des produits phytosanitaires. »
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Les haricots longs sont mis à sécher pour en extraire les graines pour la prochaine récolte
Toutes les îles ne sont pas intéressées de la même manière
Auparavant, Gopex approvisionnait également Curaçao et la Barbade. Mais ces marchés ont disparu. « Ils sont très attachés à leurs propres producteurs. Et je le comprends. Mais si la demande n'est pas constante, je ne peux pas planifier mes cultures. Et les îles ABC (Aruba Bonaire Curaçao) ne sont pas très friandes de nos légumes typiquement surinamiens. »
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Gombo en culture
Sur le marché local, KFC est un acheteur important. « Nous leur livrons deux fois par semaine. Ils sont très exigeants, tout comme le marché d'exportation. Tout doit être conforme aux normes américaines. L'autre jour, nous avons dû souscrire une assurance responsabilité civile supplémentaire et coûteuse. Ces livraisons s'accompagnent également de beaucoup d'administration, mais je vois cela d'un bon œil : il s'agit d'un client fiable dont le réseau continue de se développer au Suriname. »
© Pieter Boekhout | FreshPlaza.frGombo fraîchement récolté
Un potentiel d'exportation sous-exploité
Sur les 15 tonnes de fruits et légumes que Gopex récolte chaque semaine, seules 3 tonnes sont actuellement exportées. « Cela pourrait être beaucoup plus. Pour cela, il faudrait une mailleure coopération entre les agences surinamaises et la NVWA aux Pays-Bas. On a l'impression que les Pays-Bas font plus d'efforts que nos propres institutions, alors que des deux économies, c'est évidemment le Surinam qui profite le plus de l'intensification des échanges. »
© Pieter Boekhout | FreshPlaza.frDes palmiers derrière les serres et le bureau
Gopex aimerait d'ailleurs partager ses connaissances avec d'autres producteurs, mais constate qu'il n'existe pas vraiment de soutien structurel. « Le gouvernement devrait jouer un rôle dans ce domaine. Nous obtendrions de meilleurs résultats grâce aux partenariats et à la formation. »
© Pieter Boekhout | FreshPlaza.frLe gombo est cultivé conformément à la certification GlobalGAP
Bomgobong ;)
Le gombo est l'un des principaux produits d'exportation. « Il est très populaire aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni. Saviez-vous que la croûte bien bronzée de certains hamburgers contient de la poudre de gombo ? Nous cultivons ce légume sur 20 ha, ce qui n'est pa rien ! Pour planter 10 ha, nous y passons une semaine à 8 personnes. C'est pourquoi nous cherchons un moyen de le faire mécaniquement. » Les semences proviennent d'Afrique via les Pays-Bas, la récolte commence après seulement deux mois et se poursuit jusqu'à neuf mois après la plantation.
© Pieter Boekhout | FreshPlaza.frGopex fournit également des produits prêts à l'emploi : ici, des femmes épluchent des oignons
Actuellement, la majeure partie des exportations de Gopex se retrouve dans les rayons des boutiques éthiques, principalement aux Pays-Bas, par l'intermédiaire de trois clients réguliers. Afin d'approvisionner également des détaillants plus importants, l'entreprise travaille sur un processus de certification GlobalGAP. « Cela ouvre beaucoup de portes ! Les supermarchés le demandent. »
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Entrepôts frigorifiques et congélateurs
Investir dans l'innovation et la transformation
Les exportations de produits frais ne sont pas les seules à l'ordre du jour. Gopex travaille sur une installation de congélation pour les produits IQF (Individually Quick Frozen). « Nous pouvons ainsi prolonger la durée de conservation et réduire la dépendance à l'égard du fret aérien. Mais la commercialisation commence toujours au niveau local, afin de résoudre en premier les problèmes de démarrage. »
© Pieter Boekhout | FreshPlaza.frUne usine de légumes surgelés est en cours de construction sur le site, elle ouvrira ses portes prochainement
Les produits tels que le potiron, les haricots longs, le manioc et les patates douces - disponibles en cinq couleurs chez Gopex - se prêtent bien aux exportations IQF. « L'espace de congélation aura une capacité de quatre tonnes. Equipée de panneaux solaires, car les machines consomment beaucoup d'énergie ! »
En effet, les exportations de produits frais restent fragiles. Il n'y a pas de réfrigération disponible à l'aéroport. « Si un vol est retardé, je récupère mes produits et je les remets dans mon propre réfrigérateur... »
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Madhevi et Bhiesnoe Gopal, propriétaires de l'entreprise
Malgré les difficultés, la demande de légumes surinamais continue de croître. « Le sopropo ne peut plus être exporté depuis 2019, mais il y a des points positifs. Nous avons désormais le feu vert pour l'aubergine thaïlandaise, le concombre de forêt et l'antroewa doux. Aux Pays-Bas, il y aura toujours une demande pour des fruits et légumes frais du Suriname. »
Pour plus d'informations :
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Bhiesnoepersad Gopal
Gopex International N.V.
Tél. : +597 8736865
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