Cela fait 10 ans que la banane française « porte fièrement son ruban ». Un grand chemin parcouru pour cette banane bleu blanc rouge qui a réussi à conquérir le cœur des Français et qui continue, même dans un contexte économique compliqué, de se développer. En une décennie, la banane française a réussi à s'imposer comme une marque origine. Une histoire bâtie sur la stratégie et la résilience, qui continue de s'écrire avec de beaux projets en perspective.
© Marine Inghirami-Benaroch | FreshPlaza.fr
Une consommation de bananes qui ne cesse de se développer
« Il y a 10 ans, alors que la banane était essentiellement vendue au kilo, en vrac ou dans des sachets en plastique, nous avons fait le choix d'innover en vendant à l'unité de besoin du consommateur. Résultat, la grande majorité des références que l'on retrouve aujourd'hui s'articulent autour de la banane enrubannée et du vrac. La réaction du marché a été très positive, notamment face à cette 'banane bleu blanc rouge'. L'origine France exerce un véritable pouvoir d'attraction : elle rassure, inspire confiance et répond à une certaine reconnaissance. En témoigne la distinction de la Banane de Guadeloupe & Martinique, élue marque préférée des Français en 2024. C'est pourquoi nous nous revendiquons aujourd'hui pleinement comme une marque d'origine », rapporte Amaury Maldjian, Directeur Opérationnel Murisseries du Groupe Solveg.
Si la banane de Guadeloupe et de Martinique répond donc clairement à un besoin du consommateur d'accéder à un produit cultivé selon les normes françaises, elle surfe sur l'augmentation générale de la consommation de bananes : « Cela fait 3-4 ans que la consommation de bananes croît de 5 % par an en moyenne. Nous pourrions passer la barre des 845 000 T de bananes consommées en France en 2025 quand en 2023 nous étions sur un trend de 750 000 T ». Si le constat que le marché français croît – malgré des perturbations logistiques et en production – est indéniable, il est aussi antinomique. « La banane française progresse, mais la banane premier prix aussi. Seul le vrac semble peiner face à la profondeur de gammes de bananes enrubannées présents sur les étalages (1er prix, premium, bio, etc.)».
La consommation augmente, mais les habitudes changent également : « On observe une meilleure répartition de la consommation tout au long de l'année. L'été dernier, le mauvais temps a agi comme véritable catalyseur de la consommation de bananes. Nous n'avons jamais vendu autant de bananes en métropole pendant la saison estivale. Cette année, malgré des pics de chaleur à 40 degrés, les ventes sont restées bonnes. Il y a 5 ans, nous peinions à vendre de la banane en juillet/août avec des stocks très élevés à Dunkerque. Si tous nos bateaux ne sont pas prévendu en juillet/août comme c'est le cas sur les 10 autres mois de l'année, la consommation est beaucoup plus dynamique sur la période estivale qu'elle ne le fût ».
Augmentation de la capacité de l'outil industriel de Dunkerque
Face à cette augmentation de la demande sur la banane française, l'outil industriel de Dunkerque a été saturé. Sa capacité sera augmentée cette année afin de répondre à la demande : « En 2024, nous avons fait 40 000 T de bananes françaises et projetons d'atteindre les 42 000 T en 2025. L'objectif étant de dépasser les 50 000 T en 2026. Pour cela, nous allons rajouter deux lignes de conditionnement à Dunkerque avec une capacité de 15 000 colis hebdomadaires supplémentaires. Aujourd'hui, nous conditionnons 60 000 colis/semaine, l'objectif est d'atteindre les 75 000 colis en 2026. Ces investissements industriels porteront l'équipe au nombre de 280 personnes à temps plein dans l'atelier francité ». Une ambition qui s'inscrit dans une dynamique dont la réalisation semble déjà assurée, puisque cet agrandissement vise à répondre à une demande déjà présente.
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Créer de la valeur ajoutée plutôt que de s'exténuer dans une course au volume
Une success story d'autant plus remarquable que le chemin parcouru pour atteindre ce succès n'aura pas été sans embuche. « Il y a 10 ans, nous produisions 250 000 T de bananes de Guadeloupe et de Martinique quand on atteint aujourd'hui les 195 000 T. La production a beaucoup été impactée par les phénomène climatiques tels que les ouragans. La suppression progressive des produits phytosanitaires autorisés par la législation française a également eu pour incidence de diminuer le rendement par hectare. Il y a 10 ans, la banane française était également beaucoup plus dominante sur le marché français qui était alors moins segmenté et bien moins développé ».
Aujourd'hui, nous avons réussi à stabiliser la production malgré tous les défis auxquels elle est confrontée. Nous sommes sortis de cette course au volume (par le respect des normes française et européennes et les impacts climatiques) que nous ne pouvions gagner et nous concentrons désormais sur la création de valeur ajoutée, de reconnaissance. Confiner la banane française dans cette niche qualitative garantie par l'origine France est une bouée de sauvetage de la filière. Face à une augmentation des coûts de production, à cette diminution du rendement liée à un cadre législatif de plus en plus restrictif sur le plan phytosanitaire, la banane de Guadeloupe et de Martinique ne se bat pas avec les mêmes armes que les autres bananes qui composent l'offre internationale. Mais elle répond à un vrai besoin et apporte une véritable valeur ajoutée à un consommateur en quête de la garantie qu'offre l'origine France en termes de transparence de la production, de traçabilité, de souveraineté alimentaire et d'impact social avec le maintien des emplois aux Antilles et en métropole ».
« Nous comprenons parfaitement que le consommateur se tourne vers d'autres segmentations de bananes, qu'il s'agisse du premier prix, du bio ou de l'import, et sommes très fiers que la banane française fasse également partie de ses choix. Nous continuerons de la promouvoir, elle et son histoire, dans les années qui lui sont favorables comme dans celles qui le sont moins ».
A la conquête des magasins de proximité
Pour continuer son expansion, la banane française cherche désormais à conquérir la consommation de proximité urbaine. « C'est le projet sur lequel nous travaillons actuellement. Nous sommes à l'heure actuelle très présents dans les super et hypermarchés, mais peu dans les magasins de proximité. Or, ces derniers représentent tout de même 10 % de parts de marché. Notre objectif est de capter l'intérêt de cette population citadine, et nous étudions pour ce faire la possibilité de proposer nos bananes sous un plus petit format. Nous savons que notre banane française a tous les atouts pour conquérir les consommateurs citadins. A nous maintenant de trouver la meilleure façon de le faire ».