Fin de semaine dernière, la FDSEA de la Manche alertait sur la « crise inédite » que traversent les maraîchers du département. Après un été déjà très difficile, en légumes d'hiver les prix s'effondrent et ne couvrent plus les coûts de production.
Les prix du poireau et des choux s'effondrent
© FDSEA 50Après une campagne estivale catastrophique en pomme de terre primeur, l'automne n'aura apporté aucune éclaircie. « Les volumes de pomme de terre primeur ont été plus importants sur le marché cette année, auxquels se sont ajoutés des stocks de pommes de terre de conservation de la précédente campagne. Les deux offres se sont télescopées, entraînant des prix dérisoires et même des destructions au champ », explique Jean-Luc Leblond, producteur et président de la section légumes à la FDSEA de la Manche.
Désormais ce sont les légumes d'hiver qui trinquent. « Les prix du poireau comme des choux se sont effondrés au point de ne plus couvrir les charges de production. » En cause : une météo clémente ayant entraîné des récoltes abondantes, alors que la demande, elle, reste atone. « Le climat politico-économique n'y est pas étranger. Les consommateurs surveillent leurs dépenses, et les températures n'incitent pas à consommer », poursuit-il. Résultat, les débouchés manquent, les invendus s'accumulent et les pertes s'enchaînent, note le syndicat. « Il y a eu des pertes en chou-fleur et, dans une moindre mesure, en chou vert. En poireaux, la sécheresse estivale a limité l'offre en septembre ce qui a permis de rééquilibrer le marché. Mais le retour des pluies a ensuite dopé les rendements et aujourd'hui, les champs sont pleins. »
Plus de 3 000 salariés « voient leur avenir assombri »
La situation pour les producteurs est devenue intenable selon le syndicat. « Derrière les chiffres et ces cours déprimés, ce sont des exploitations fragilisées, des producteurs inquiets et plus de 3 000 salariés dans les fermes, les laveries, les stations de conditionnement qui voient leur avenir assombri ». D'autant que les coûts de production (main-d'œuvre et intrants) eux, poursuivent leur tendance à la hausse. « Les trésoreries se tendent, particulièrement pour les légumiers qui ont emblavé des surfaces importantes de ces cultures d'hiver ».
Les rayons de la grande distribution surveillés
Face à cette situation, la FDSEA de la Manche tire la sonnette d'alarme « L'heure n'est plus à l'observation, mais à l'action », et appelle l'État et les interprofessions, en lien avec les organisations de producteurs, à mettre en place rapidement des mesures de soutien à la filière.
Le syndicat qui constate encore une forte présence de produits d'été en rayon n'exclut pas dans les prochaines semaines des contrôles dans les rayons de la GMS. « Il y a encore une grande quantité de salades et de tomates dans les linéaires alors qu'à cette période de l'année, on devrait surtout trouver des légumes d'hiver. Pour l'instant, nous alertons. Mais si la crise perdure après les fêtes, nous regarderons de plus près ! », prévient Jean-Luc Leblond. La FDSEA de la Manche appelle également les enseignes à privilégier l'origine France « Ce serait un comble de trouver du poireau belge sur les étals ! », conclut-il.
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