Dans la nuit du 3 au 4 décembre 2025, les Etats membres et les députés européens sont parvenus à un accord favorable sur développement des NGT (nouvelles techniques d'édition génomiques). Pour entrer en vigueur l'accord devra être approuvé une dernière fois.
Que prévoit l'accord ?
L'accord introduit une distinction entre deux catégories de NGT avec des règles assouplies pour les NGT de catégorie 1 c'est-à-dire « équivalentes » aux variétés conventionnelles (Seuls les semences et le matériel de reproduction issus de NGT-1 devront porter un label spécifique). Pour les NGT de catégorie 2 en revanche, le cadre OGM est maintenu. Il s'agit des plantes présentant des modifications génomiques jugées plus complexes, celles résistantes aux herbicides ou produisant des insecticides.
Les États membres auront la possibilité de décider s'ils autorisent ou non la culture de NGT-2 sur leur territoire.
« Les nouvelles techniques génomiques peuvent nous aider à faire plus avec moins »
Jacob Jensen, ministre danois de l'agriculture a déclaré : « Les nouvelles techniques génomiques peuvent nous aider à faire plus avec moins. Le règlement nous permettra de développer de nouvelles variétés de plantes plus résistantes au changement climatique et nécessitant moins d'engrais ou de pesticides ». La député européenne suédoise Jessica Polfjärd, rapporteure du texte, s'est réjouie d'une « avancée majeure », indiquant également que « Cette technologie permettra de cultiver des plantes résistantes au changement climatique et d'obtenir des rendements plus élevés sur des surfaces plus réduites ».
« Nous devons pouvoir y accéder pour rester compétitifs » selon Le Collectif en faveur de l'innovation variétale
La semaine dernière Le Collectif en faveur de l'innovation variétale (regroupant 27 organisations agricoles françaises) appelait à accélérer les négociations en faveur des NGT. « Certaines de ces variétés NGT sont déjà disponibles ailleurs dans le monde. Nous devons pouvoir y accéder pour rester compétitifs. […] Nous devons nous adapter rapidement pour garantir notre souveraineté alimentaire et recourir pour cela aux variétés les plus appropriées afin de continuer à produire ce que nous mangeons ». Hier le collectif s'est félicité « de cette étape déterminante dans le process législatif initié 2 ans plus tôt » évoquant un compromis « équilibré qui ouvre l'accès à un outil complémentaire au service d'une agriculture innovante, moins consommatrice d'intrants et résiliente, conditions indispensables à notre souveraineté alimentaire et à notre compétitivité. Il trace une voie pragmatique pour accélérer l'innovation variétale avec des garanties lisibles pour tous les acteurs » affirment les membres du Collectif en faveur de l'innovation variétale. »
La FNAB demande une traçabilité obligatoire des nouveaux OGM
« Nous, agriculteurs et agricultrices bio, refuserons toujours d'utiliser des OGM. Sans traçabilité, la bio ne pourra plus se protéger d'éventuelles contaminations », explique Daniel Evain, référent OGM à la FNAB qui demande donc à ce que « la traçabilité des NTG soit obligatoire sur toute la chaîne de valeur. Sans traçabilité ou méthodes de détection, il sera impossible de savoir où se trouvent les NTG : aucun moyen donc d'en connaître les risques pour l'environnement et la santé humaine ».
Pour la FNSEA « Ces solutions scientifiques redonnent un peu d'horizon aux agriculteurs »
Pour le premier syndicat agricole, cet accord marque « une étape majeure pour l'agriculture française et européenne. Les NGT permettent d'accélérer le processus de sélection variétale pour mieux répondre aux multiples défis de l'agriculture ». Car « dans un contexte de tensions inédites sur la production agricole en Europe - sécheresses récurrentes, pertes de récolte liées aux maladies, volatilité des prix, pression croissante sur les intrants – ces solutions scientifiques redonnent un peu d'horizon aux agriculteurs, souvent démunis face aux effets du changement climatique. Les NGT ne résoudront pas tout, mais elles offrent une réponse concrète pour développer des variétés plus robustes, réduire l'usage de certains produits phytosanitaires et sécuriser les rendements ».
