Durant la présentation des Conférences de la souveraineté alimentaire lundi, Annie Genevard a présenté plusieurs « blocs de granit » sur lesquels elle entend « appuyer son action dans les mois à venir ». Les voici.
© Annie Genevard
Clauses de sauvegarde et mesures miroir
La première ligne directrice sur laquelle s'est engagée la Ministre c'est « la protection de notre modèle dans les négociations internationale ». Une protection qui passe par des clauses de sauvegarde « robustes systématiques » et par des mesures miroirs appliquées à tous les accords internationaux. « Nos efforts diplomatiques doivent payer en vue de l'obtention de l'abaissement des limites maximales de résidus à zéro quand une substance est interdite sur le sol européen. Cela permettrait d'empêcher tout produit chassé du sol européen par la porte réglementaire de revenir par la fenêtre des importations ». Elle a également affirmé que si la Commission européenne ne le faisait pas d'elle-même dans les prochaines semaines « soyez assurés que j'interdirai moi-même les importations sur notre sol de produits contenant des substances interdites en Europe comme le droit européen me le permet ».
Création d'une brigade française de contrôle des denrées importées
Toujours sur le sujet des mesures miroir « qui ne fonctionneront qu'avec des contrôles effectifs » la Ministre a plaidé pour la création d'une « brigade française de contrôle des denrées importées, intégrée à une force européenne de contrôle compétente sur tous les ports du continent pour déceler les anomalies plus systématiquement, par plus de tests, par exemple de résidus de pesticides ainsi que des contrôles renforcés des pratiques frauduleuses, comme la francisation ».
Prendre le virage de l'agriculture 3.0
Dans son discours la Ministre a également indiqué que la France devait « prendre le virage de l'agriculture 3.0 et investir massivement dans l'innovation ». Variétés plus résilientes, outil de précision, numérique, robotique, biocontrôle, intelligence artificielle... « Sans souveraineté technologique il n'y aura pas de souveraineté alimentaire soutenable. J'associerais donc l'ensemble des financeurs pour associer cet élan et donner à la France la longueur d'avance dont elle a besoin ». A cet effet, la Ministre a annoncé le renouvellement de la convention entre BPI France et le ministère de l'Agriculture assortie d'une nouvelle aide appelée « Aide Booster », destinée à accélérer le financement de l'innovation dans les entreprises agroalimentaires.
Assurance récolte : « C'est une réforme majeure, je veux la consolider »
« Protéger, enfin, contre les risques climatiques, avec des travaux en cours sur le dispositif d'assurance récolte qui doit, à terme, permettre de couvrir l'ensemble des cultures. Quatre ans après son entrée en vigueur, nous devons en faire le bilan sans tabou pour que le dispositif fonctionne à plein. Il s'agit là d'une nécessité d'adaptation aux aléas météorologiques toujours plus violents et nombreux. C'est une réforme majeure : je veux la consolider ».
Un fonds souverain agricole
Mais la Ministre dit vouloir aller « plus loin et frapper plus fort » en dotant le pays d'un fond souverain agricole pour permettre aux épargnants « qui aiment les agriculteurs de choisir d'investir dans leur alimentation. Inciter les acteurs de l'aval et de la distribution, l'État lui-même, à contribuer aux financements des investissements de leurs fournisseurs pour sécuriser leurs approvisionnements à l'heure du changement climatique et de la guerre agricole ».
Garantir un revenu digne aux agriculteurs
« Sans revenu il n'y a ni vocation, ni installation, ni transmission », a indiqué Annie Genevard qui prône une évolution du système de formation des prix alimentaires. « Les lois EGalim ont poser des jalons utiles mais elle demeurent trop complexes dans leur application ». La Ministre souhaite donc « un cadre plus simple plus efficace plus protecteur ».
L'éducation à l'alimentation la grande cause nationale 2026
Annie Genevard veut également « réveiller la conscience des consommateurs » et invite « tous les Français à renouer avec le patriotisme alimentaire ». Elle a ainsi demandé au Premier Ministre de « faire de l'éducation à l'alimentation la grande cause nationale 2026 ». Ce label permettrait de financer surtout auprès des plus jeunes des grandes campagnes de sensibilisation.
Plus de produits locaux dans les cantines
« Les marchés publics doivent jouer leur rôle dans cette reconquête, le monde entier le fait, pourquoi pas nous ? », se demande la Ministre qui indique que l'Etat doit montrer l'exemple aux consommateurs en proposant davantage de produits locaux, de qualité et bio dans les cantines. « Je veux que l'état soit exemplaire en la matière et je souhaite qu'il se fixe des objectifs plus ambitieux, notamment dans les cantines des administrations centrales ».
Vers une utilisation règlementée du drapeau français sur les étiquettes ?
Annie Genevard veut aussi davantage de transparence et surtout de lisibilité dans l'étiquetage des produits. Car selon elle, soit il y a trop d'informations soit il en manque. « Il faut avoir du temps et les codes pour déchiffrer les étiquettes et le consommateur s'y perd ». Elle a également soulevé la mise en place d'une éventuelle réglementation de l'usage du drapeau tricolore. « Il ne suffit pas de mettre un drapeau bleu blanc rouge, il faudrait peut-être d'ailleurs en réglementer la position, ce n'est pas rien le drapeau national, on n'a pas le droit de l'utiliser mensongèrement ».