Entre hausse de la demande et prix qui fluctuent, les primeurs doivent s’adapter. « Les gens viennent beaucoup le matin » observent des primeurs de Calais, dont les étals se vident rapidement. « Je commande deux voire trois fois plus que d’habitude auprès des grossistes », explique Vincent, gérant de Votre primeur. « Je n’ai pas l’impression qu’il y ait beaucoup de nouveaux clients. Mais les gens prennent tout en double ou en triple. Au lieu d’un kilo d’endives, ils en prennent trois, idem pour les pommes de terre, les carottes… ».
Avec la fermeture des marchés, les primeurs ont récupéré la clientèle de proximité. Pour ces entreprises, cela compense les pertes qu’elles ont pu connaître en perdant les commandes des restaurants, des entreprises et des hôtels.
Certains ont développé des systèmes de livraison à domicile. « On continue de livrer via la plateforme mon Shopping c’est Calais et en plus, les gens peuvent nous appeler et on livre à domicile », explique Hasan et Djemila, gérants de O bonheur des saveurs.
« Les gens revoient leur style de consommation. C’est une période difficile, mais c’est vrai que pour nous, ça nous donne un coup de pouce car les gens vont au plus proche », explique un autre primeur. « Ils appellent, on prépare et ils viennent chercher la commande. Ça marche plutôt bien depuis une semaine ».
Si les ventes sont bonnes, les primeurs sont inquiets par rapport à leur santé et celle de leurs clients. « Bien sûr qu’on a peur, pour nous et pour les clients. Je me sens très bien mais j’aimerais bien savoir si j’ai le coronavirus pour ne pas contaminer les gens » observe Vincent. « Je trouve ça aberrant qu’on ne soit pas testé, nous, les commerçants qui restons ouverts. On n’est pas si nombreux à Calais et on est tous les jours en contact avec la population. En Allemagne, 500 000 tests sont faits chaque semaine. Je ne comprends pas ». S’il garde le sourire, il indique « ma famille veut que j'arrête de travailler pour me protéger. Les petits commerçants, on est seuls au monde ».
Depuis quelques jours, on remarque l’augmentation du prix des choux-fleurs, courgettes, endives, poireaux, aubergines et autres. Il peut même être doublé. « On a eu le cas sur des produits venant d’Espagne, peut-être que c’était à cause du transport » suppose un vendeur chez Brodbeck, éloignant l’hypothèse d’une pénurie. Pour Vincent, « si les choux-fleurs sont bons, il faut les ramasser, il n’y a pas le choix. Si on ne les ramasse pas et que la demande reste la même, les prix augmentent ». Dans tous les cas, il souhaitent tous une meilleure rémunération des producteurs et espèrent que cette crise sanitaire mènera à la fin de certaines aberrations commerciales.
Source : nordlittoral.fr