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Charles Cattoir, de Primalof (Belgique) :

« Je crains que l'endive devienne un produit de niche dans le commerce de détail »

Les manifestations des agriculteurs ont fait un peu d'ombre à la 'Semaine de l'endive', qui s'est de nouveau déroulée en Flandre entre le 1er et le 7 février. Une occasion de mettre ce produit phare belge à l'honneur, mais aussi de se remettre en question, selon Charles Cattoir de Primalof. « Si la pression sur les racines d'endives européennes est réelle, il se pourrait que la filière devienne trop insignifiante pour rester un produit intéressant pour le commerce de détail d'ici à quelques années. »

Jusqu'à présent, l'année s'est avérée extraordinaire pour les producteurs et les négociants d'endive. Les pluies abondantes et les inondations en Belgique et en France ont provoqué d'importantes pénuries sur le marché, ce qui a entraîné des prix très élevés en décembre. « Ces prix sont restés stables après le Nouvel An », explique Cattoir. « Pas aussi élevés qu'à la fin du mois de décembre, mais la pénurie a perduré sur le marché. Les prix ont baissé brièvement, puis sont rapidement repartis à la hausse. C'est un peu contradictoire, car d'un côté, le mauvais temps et les difficultés à récolter ont été ennuyeux, mais de l'autre, cela résulte dans des prix intéressants pour les producteurs. Des prix qui sont nécessaires pour gagner sa vie, tous les coûts ayant augmenté de manière exponentielle ces dernières années et n'ayant absolument pas l'air de diminuer pour l'instant. »

« Comme les producteurs qui ont suffisamment de racines en stock cette année sont rares, c'est le manque qui est la règle dans de nombreuses exploitations, ce qui devra impliquer une gestion plus consciente des stocks. Cela devrait normalement se traduire par un prix annuel plus élevé que ces deux dernières années, c'est indispensable. Toutefois, il est difficile de faire une estimation, car de nombreuses entreprises combinent le commerce de l'endive avec celui des légumes de plein champ, de sorte que la filière est dépendante de ces autres produits. Dans le paysage de production belge fragmenté, on ne peut jamais prévoir à l'avance ce qui va se passer. »

En dents de scie
C'est donc cette incertitude qui suscite chez Cattoir de réelles inquiétudes concernant la culture de l'endive européenne. « Ces dernières années, le secteur a été ballotté d'un évènement à l'autre. En 2021, on a connu une année de croissance, mais 2022 a été mauvaise en termes de consommation. 2023 a été une année de récupération, mais les champs sont passés de trop humide à trop sec, puis de nouveau trop humide, ce qui a entraîné des pertes importantes de l'ordre de 10 à 30 %. Nous avons également dû peser le pour et le contre avant d'arracher ou pas, car les risques étaient significatifs. Finalement, nous avons décidé de ne pas le faire, comme d'autres. C'est ainsi qu'en 2024, l'endive sera nettement moins disponible. »

« Cela va également provoquer un marché en dents de scie », poursuit-il. « Du tout au rien au tout. Personne n'avait prévu cela, comme quoi les risques de la culture des racines sont réels, sans parler de sa rentabilité. Il y a encore deux ans, nous achetions toutes nos racines à l'extérieur, mais aujourd'hui, nous produisons 65 % de nos besoins par nos propres moyens. En effet, la disponibilité des racines peut chuter d'un seul coup au cours d'une année, comme on l'a vu en 2023. À terme, nous devrons passer à un système où les acheteurs paieront des prix élevés pour couvrir les risques. Il faut donc entretenir des relations à long terme, car les terres exploitables se font de plus en plus rares en Belgique. En outre, en France où il y avait avant des surfaces destinées à l'exportation, les producteurs s'arrêtent régulièrement et les racines restent en grande partie sur le territoire national. »

Réglementation
En outre, selon Cattoir, les réglementations continuent de peser sur le secteur comme une épée de Damoclès. « C'est aussi la raison pour laquelle une grande partie des producteurs descendent dans la rue, ce qui montre qu'il y a bien un problème. Je pense que c'est une très bonne chose, même si cela affectera sans aucun doute le commerce. C'est la pleine saison de croissance en ce moment, tout pousse et on ne peut rien mettre sur pause. Mais pour moi ces manifestations ont un vrai sens, je les approuve. J'espère que l'Europe écoutera ses producteurs. En effet, les réglementations vont trop loin. Beaucoup de produits phytosanitaires disparaissent, mais les produits importés de l'étranger sans réglementations strictes ne posent aucun problème. Trois produits de protection des cultures importants pour l'endive disparaîtront à la fin de cette saison. Si aucune alternative n'est trouvée pour ces produits, la culture de l'endive deviendra critique. Surtout pour les régions qui connaissent une forte pression des mauvaises herbes, car le binage à la machine ou parfois même à la main coûte beaucoup d'argent et de main-d'œuvre. Deux luxes dont personne ne dispose en réalité. »

« Personnellement, je pense que l'industrie phytosanitaire apportera des solutions dans les mois à venir. De nombreuses personnes travaillent très dur pour trouver des solutions, mais un marché de niche comme celui de l'endive n'est jamais vraiment une priorité. De plus, s'il y a des développements, c'est qu'ils auront à nouveau un impact sur les pratiques actuelles. Par exemple, il faudra choisir certaines variétés pour bénnéficier de la protection. Si certaines personnes ont semé les trois quarts de leur superficie avec une autre variété, celle-ci pourra être mise à la poubelle avec l'arrivée de nouveaux agents. Dans l'ensemble, je pense que nous allons vivre une année difficile en 2024 en ce qui concerne les pénuries, après quoi nous devrons tous trouver de nouvelles façons de faire les choses en 2025. Ce sont les défis qui dominent le marché et tous les acteurs concernés. Je crains sincèrement que notre endive finisse comme l'endive de terre. Elle s'est étiolée au point qu'on ne la trouve dans le commerce de détail qu'à petite échelle et pour une période plus courte. Si la pression exercée sur l'endive hydroponique reste de cette nature, je crains que nous ne devenions bientôt trop petits pour rester un produit du commerce de détail. »

La semaine de l'endive
Il est donc d'autant plus important d'attirer l'attention sur le savoir-faire et le produit lui-même. C'est ce qui se passe chaque année en Flandre avec la semaine de la chicorée. Cette année, elle a été quelque peu reléguée au second plan en raison des manifestations des agriculteurs, mais des investissements ont été consentis pour améliorer encore la visibilité de ces semaines. « Avec les différentes parties prenantes, il a été décidé pour cette édition de mettre l'accent sur l'endive pendant un mois entier. En effet, le choix du début du mois de février a été décidé il y a plusieurs années sur la base des chiffres de vente, mais ces trois dernières campagnes, les ventes d'endive en janvier, février et mars se sont relativement bien déroulées. À la fin du mois de mars, on s'achemine généralement vers la fin de la saison. Le nom est resté, mais les promotions et évènements organisés s'étalent en fait sur une période plus longue. »

« C'est surtout la qualité que l'on met en avant, lors des actions et promotions. Je pense qu'en Belgique, nous comprenons très bien que c'est la meilleure façon de mettre en valeur un produit. Si vous parvenez à toucher un consommateur, vous pouvez le fidéliser beaucoup plus facilement à votre produit s'il est savoureux. L'endive belge à cet égard se trouve en tête de liste et nous devons tirer parti de cette situation. L'augmentation de la consommation suivra naturellement : elle a peut-être diminuée par tête, mais beaucoup plus de consommateurs mangent aujourd'hui de l'endive. La seule chose qui importe aujourd'hui, c'est de conquérir les plus jeunes. En montrant les infinies possibilités de ce produit ! Cela étant, il faut aussi veiller à ce que la filière reste suffisamment costaude pour que cette perle belge reste accessible à tous. En somme, plus qu'assez de défis qu'il faut suivre de près et qui demandent en tout cas beaucoup d'attention », conclut Cattoir.

Pour plus d'informations :
Charles Cattoir
Primalof
Tél. : +32 483 48 47 17
[email protected]
www.primalof.be

Date de publication: