Lundi, se sont ouvertes les traditionnelles négociations commerciales entre distributeurs et fournisseurs. La veille, les parties prenantes annonçaient la signature d'une charte - non contraignante - destinée à apaiser leurs relations, historiquement tendues. Impulsée par le gouvernement, elle s'articule autour de trois axes, dont un traitement différencié pour les PME et la valorisation des fruits et légumes de saison.
Apaiser des relations historiquement conflictuelles
L'ANIA (Association nationale des industries alimentaires), La Coopération Agricole, la FCD (Fédération du commerce et de la distribution), la FEEF (Fédération des entreprises et entrepreneurs de France), l'ILEC (qui représente les grandes marques de l'agroalimentaire) ainsi que Pact'Alim, pour le compte des PME alimentaires, ont signé le 30 novembre dernier une « charte d'engagements mutuels ». Parce que les négociations commerciales annuelles sont sources habituelles de tensions (sur fond de guerre des prix) « Unique en Europe » selon la ministre Annie Genevard, la charte, initiée par le Ministre du Commerce et des PME Serge Papin,« pose des principes destinés à instaurer un climat apaisé : échanges respectueux, rendez-vous mieux organisés, modalités adaptées et maintien d'un dialogue suivi tout au long du processus". C'est d'ailleurs l'objectif de l'Axe 1 « favoriser un climat apaisé pour tous au cours des négociations commerciales ». La charte indique ainsi que « Les parties s'engagent à maintenir, en toutes circonstances, un climat de respect mutuel, fondé sur une communication verbale, écrite ou téléphonique courtoise, mesurée et respectueuse des individus. Elles veillent à ce que les échanges, qu'ils soient en présentiel ou à distance, favorisent un dialogue constructif et exempt de toute pression inutile ».
Quels sont les autres axes de la charte ?
Aux côtés de l'axe 1 la charte définit deux autres axes : Axe 2 concernant les PME : le deuxième axe consacre un traitement différencié pour les PME « afin de tenir compte de leurs moindres capacités internes requises pour négocier durant trois mois », avec une clôture des négociations fixée au plus tard au 15 janvier (contre mars pour les autres). Quant à l'axe 3 : il vise à vise à promouvoir les démarches de transparence de l'origine des produits et à renforcer les mises en avant, dans les rayons, des fruits et légumes frais, de saison. « Les parties s'accordent à attribuer une priorité aux produits frais, notamment d'origine française, offrant des débouchés rémunérateurs pour les filières ».
« La filière ne pouvait pas rester figée dans des conflits de postures qui empêchaient les progrès »
« C'est un signal positif après des années d'hyperinflation. N'oublions pas que l'enjeu de ces négociations est le tarif payé par le consommateur », a indiqué sur Linkedin Thierry Cotillard, président du Groupement Mousquetaires (Intermarché).
Pour Judith Jiguet, déléguée générale de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). « Il était indispensable de recréer un cadre sain permettant à l'ensemble des acteurs de se réunir et de se parler. La filière ne pouvait pas rester figée dans des conflits de postures qui empêchaient les progrès. Grâce au travail de chacun, nous avons rouvert un espace d'échanges où toutes les positions ont pu s'exprimer avec sérieux et sens des responsabilités. […] Cette charte n'est qu'un premier pas, mais c'est un pas qui compte. Nous en suivrons les évolutions tout au long de ces négociations ».
Dominique Charge président de La Coopération Agricole a également réagi : « Au-delà de l'apaisement des tensions qui jalonnent la période toujours tendue des négociations commerciales, cette charte devra permettre d'avancer sur des considérations plus constructives et indispensables en direction de notre souveraineté alimentaire ».
« Coopérative U se félicite de cette charte inédite, tout particulièrement du traitement différencié des PME, auxquelles nous avons toujours été attachés. Elle est le fruit d'échanges constructifs ces derniers jours entre toutes les organisations signataires. Souhaitons que ce travail marque le début d'une période de discussions plus sereine au service, au final, de nos clients », a précisé Dominique Schelcher, son PDG.
Serge Papin, et Annie Genevard ont salué cette charte, la qualifiant d''inédite'. « Elle est la preuve que des échanges constructifs et un dialogue nourri permettent de converger vers la mise en œuvre de pratiques responsables au service de relations commerciales équilibrées ».