La crise liée au coronavirus a changé beaucoup de choses au niveau du marché alimentaire. Les consommateurs sont beaucoup plus vigilants sur les produits qu’ils achètent et les distributeurs doivent faire face à des surcoûts et des marges plus faibles. En effet, avec la crise plus d’un tiers des consommateurs ont perdu des revenus, selon l’Observatoire société et consommation (ObSoCo).
Pour Véronique Varlin, directrice de l’ObSoCo, « La grande distribution a bien intégré cette problématique ». Beaucoup d’enseignes se positionnent comme défenseurs du pouvoir d’achat pour convaincre les clients qu’ils ont les meilleurs prix. Mais d’autres dynamiques parallèles pourraient entraîner une guerre des prix : marges rognées, coûts croissants, concurrence sur l’offre de prix bas.
« La marge de la distribution s’est réduite de manière très importante depuis plusieurs années alors qu’il y a dans le même temps la nécessité de continuer à investir face à la concurrence des acteurs transnationaux », confie Jacques Creyssel, patron de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Une tendance qui se ressent sur l’ensemble des parties prenantes des négociations commerciales. Tout le monde achète à la baisse que ce soit au niveau de la distribution, aux négociants ou aux producteurs.
« Si on est reparti dans une spirale de prix bas », indique Richard Girardot, président de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), les entreprises « n’auront pas les moyens d’investir et tous les efforts faits par le gouvernement en termes de relance ne serviront à rien ». Le gouvernement se montre d’ailleurs vigilant afin d’éviter une « spirale déflationniste » et préserver l’esprit de la loi Alimentation promulguée en 2018 pour protéger les revenus des producteurs. Si pour l’instant les objectifs de la loi ne sont pas encore atteints, les pouvoirs publics serrent déjà la vis, comme avec la contravention de 6,34 millions d’euros donné à la centrale d’achats belge codétenue par E.Leclerc, Eurelec, pour pratiques commerciales illicites.
« Il est essentiel de continuer à travailler sur la valorisation des produits, pour faire en sorte qu’il y ait une création de valeur permettant un juste retour des choses du côté des agriculteurs ou des PME », confit Jacques Creyssel, de la FCD. « Cela ne se fait pas suffisamment aujourd’hui et cela ne permet pas suffisamment de transparence ». Avec des industriels ayant perdu près de 7 milliards d’euros en sept ans, certains demandent en contrepartie le relèvement du seuil de revente à perte (SRP) ; c’est-à-dire qu’un produit soit revendu en grandes surfaces au moins 10 % plus cher que le prix auquel il a été acheté, afin de faire ruisseler l’argent gagné en plus jusqu’aux producteurs.
Source : sudouest.fr