Une enquête d’Unijus, l’Union Nationale Interprofessionnelle des Jus de Fruits, vient de dévoiler l’impact de la crise sanitaire sur le marché des jus de fruits qui connaissait déjà des tensions.
Les Français ont consommé en 2018 environ 1,3 milliard de litres de jus de fruits et nectars en magasins (-4,3 % vs 2017), soit 20 litres par habitant, pour un chiffre d’affaires d’environ 2 milliards d’euros (-1,2 % par rapport à 2017). Les purs jus sont de plus en plus prisés (62 % de parts de marché volume en grande distribution), ainsi que les jus bio (+0,3 % en volume et de +5,6 % en valeur). On note aussi le gain de parts de marché des jus de fruits vendus au rayon réfrigéré sur ceux du rayon ambiant (+0,9 % entre 2017 et 2018 en volume, pour atteindre 14 % de parts de marché volume).
Plusieurs marchés de jus de fruits (orange, ananas, mangue, pomme…) se retrouvent sérieusement affectés par la crise liée au coronavirus. « Les cours de ces matières premières sont en forte hausse par rapport à l’année dernière, hausse expliquée par un impact de la crise à plusieurs niveaux : en diminuant le rendement des cueillettes et en augmentant la consommation de certains fruits et jus de fruits dans plusieurs pays en raison de leur qualité nutritionnelle », indique le rapport.
Jus d’orange
Parfum leader en France (43 % des ventes en France en GMS, source Nielsen 2019), les oranges voient leurs récoltes baisser dans les différents pays approvisionnant la France. En effet, les cueillettes d’oranges ont diminué de 30 % au Brésil et de 25 % en Espagne sur la récolte 2019/2020. Pour ce dernier, la récolte de la prochaine saison devrait être moindre à cause des fortes intempéries qui ont perturbé la croissance des fruits. « Dans ces pays durement touchés par le Covid, le respect des gestes barrières a entrainé depuis plusieurs mois toute une série de mesures qui concernent aussi bien le transport des cueilleurs vers les plantations (et donc au final moins de cueilleurs disponibles) que les règles à respecter dans les champs. Les coûts salariaux ont également augmenté avec les mesures de protection qu’il a fallu mettre en place pour protéger les cueilleurs ».
Cette situation se produit alors que la demande en jus d’orange augmente partout dans le monde, du fait de sa richesse en vitamine C. Aux USA, on a enregistré une augmentation de sa consommation de 50 % en avril, et 20 % en juin. Tandis qu’en Europe, l’augmentation porte plus sur des pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique ou la Norvège. « La tension observée sur le marché du frais entraine mécaniquement une pression sur le marché de l’industrie en captant prioritairement les fruits récoltés lorsqu’ils sont destinés à différents usages (cas des oranges d’Espagne) et faisant ainsi augmenter les prix ».
Jus d’ananas
Les productions sont en forte baisse dans les pays d'origine, et particulièrement en Thaïlande. Les faibles prix observés cette année ont poussé les producteurs à abandonner ces cultures. Mais « si la consommation de jus d’ananas est limitée en France (3,5 % des ventes en France en GMS, source Nielsen 2019), elle est de plus en plus importante dans certains pays qui plébiscitent ce jus pour ses qualités nutritionnelles ». Cela a donc entrainé une hausse des prix de 10 à 20 % pour les purs jus, et jusqu’à 65 % pour les jus à base de concentrés par rapport à l’année précédente.
Jus de mangue
Voilà plusieurs mois que le marché des mangues d’origine indienne est profondément perturbé. Cela est dû à « une désorganisation de la logistique agroalimentaire à l’échelle nationale couplée à un problème de disponibilité de la main-d’œuvre pour transformer les mangues cueillies et à des mesures de souveraineté alimentaire ». Les prix de jus de mangue ont donc augmenté de 20 % sur les produits standards.
Jus de pomme
La récente mise en place du label « 100 % pommes de France » garantit au consommateur la mise en place d’engagements concrets par tous les maillons de la filière et de pratiques de transformations durables. Cependant, la pomme a été un produit difficile pour les transformateurs à cause d’une récolte française inférieure à l’année passée et le dynamisme de sa consommation directe. « Le Covid a des impacts majeurs sur la cueillette des fruits et accentue les difficultés rencontrées sur certains marchés de jus de fruits déjà tendus cette année. La situation sanitaire ne devant pas s’améliorer avant plusieurs mois, ces marchés devraient rester sous tension pendant encore longtemps ».
Par ailleurs, les emballages connaissent eux aussi de nombreuses modifications : les adhérents des fédérations se sont engagés à respecter et appliquer chaque point de la Charte de l’Union européenne avec un objectif de 90 % de collecte des bouteilles en plastique. Cela devrait concerner l’ensemble des emballages avec un plan de communication d’ici fin 2021.
« 90 % des jus consommés en France sont fabriqués ou conditionnés en France, représentant 3 900 emplois directs et 23 000 emplois indirects. La filière des jus de fruits représente un débouché important et de qualité pour les productions locales de fruits ou de légumes comme les abricots du Roussillon, la tomate de Marmande, les pommes de Normandie ».
Source : agro-media.fr