Jeudi 20 octobre, le Forum Mondial de la Banane (FMB) a organisé, en collaboration avec Afruibana, la première Commission Régionale Africaine. Ce webinaire a permis de réunir les principaux acteurs de l'industrie de la banane africaine et poser les bases d’un dialogue fructueux à travers toute la chaîne de valeur sur les problématiques de la responsabilité partagée et du devoir de vigilance.
Durant cette réunion, Joseph Owona Kono, le président de l’association, était accompagné par les représentants des 3 pays producteurs que sont le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Ghana. Il a pu partager sa vision du marché et revenir sur les efforts et les initiatives qui ont été mis en place par ses producteurs ces dernières années, tant sur le volet social, sociétal qu’environnemental.
Ce webinaire a donné lieu à des échanges constructifs avec Mme Marianne Naudin, chef de projets RSE achats chez Lidl France, Mme Kate Nkatha Ochieng, directrice commerciale au sein de Fairtrade Africa, M. Luc De Lapeyre De Bellaire, chercheur au CIRAD, M. Alistair Smith, coordinateur international de Banana Link et M. Oscar Ngome Eboule, représentant de la Fédération Nationale des Syndicats des Travailleurs du Secteur Bananier du Cameroun.
Afruibana a commencé par rappeler la manière dont la filière de la banane africaine participe à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, de leurs familles et des communautés locales. Ses membres développent en effet des infrastructures d’accès à des services de base (eau, éducation, santé, logement etc.) et contribuent aussi à l’essor du tissu économique local en stimulant l’agri-entrepreunariat. De même, des initiatives pour rééquilibrer la parité femme-homme au sein des structures de gestion sont actuellement en cours.
Pour ce qui est du volet environnemental, les membres d’Afruibana ont initié leur transition agroécologique depuis plus de dix ans. Ils souhaitent désormais porter à plus grande échelle cette démarche. En partenariat avec le CIRAD, Afruibana développe en effet un projet de bananes agroécologiques en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Ghana avec la triple ambition d’améliorer la performance environnementale des plantations, de réduire les coûts de production et d’augmenter les rendements.
L’association a ensuite évoqué la directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises en manière de durabilité (venant harmoniser les initiatives déjà prises par les différents Etats-membres) et le travail qui a déjà été entamé afin d’anticiper ses effets : cartographie des chaînes d’approvisionnement des opérateurs, rédaction de plans de vigilance, de codes de conduite, de mécanismes internes de remédiation et de procédures de vérification et mise en place de comités de dialogue et de concertation avec les communautés voisines. Ce travail sera amplifié et accéléré à l’avenir.
Joseph Owona Kono, président d’Afruibana a enfin interpellé les participants sur la question de la « responsabilité partagée » qui consiste en une approche où les risques et la valeur seraient répartis équitablement tout au long de la chaîne d'approvisionnement, permettant aux producteurs de partager les coûts avec les acheteurs et d'être récompensés pour leurs efforts en faveur de pratiques agricoles plus durables. Elle est « déterminante pour garantir aux producteurs l’obtention des ressources nécessaires non seulement à leur exploitation quotidienne, mais surtout dans la perspective des investissements colossaux qui sont à réaliser tout au long de cette décennie pour réussir ensemble les multiples défis de la transition agroécologique, de la lutte contre le changement climatique et du rééquilibrage essentiel visant à remettre l'économie au service de l'homme, plutôt que l'inverse ». On comprend ainsi à quel point la responsabilité partagée est intimement liée aux notions de « prix juste » et de « salaire décent » et comment leurs succès respectifs seront conditionnés par un dialogue ouvert avec l’ensemble de parties prenantes.
C'est pourquoi, en conclusion, Afruibana a salué la participation des représentants syndicaux des trois pays producteurs à la coordination de la Commission Régionale Africaine. Cette démarche s’inscrit dans le prolongement d’un engagement volontariste autant de la part des sociétés de production que des représentants syndicaux qui agissent au quotidien pour promouvoir d’un dialogue social franc, exigeant et apaisé.
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