Avec une saison plus courte cette année pour l'ensemble de la région méditerranéenne en général et pour l'Espagne en particulier, « le marché de l'exportation des avocats est actuellement très actif », comme le souligne Francisco de la Torre, de l'entreprise Aguacatec La Victoria de Malaga. Et pas seulement en provenance des traditionnelles origines latino-américaines, comme le Mexique, « mais aussi d'un pays très puissant qui devient de plus en plus présent sur le marché chaque année : le Kenya. »
En effet, la surface d'avocats dans le pays a augmenté de manière significative ces dernières années, ce qui impliquera une croissance tout aussi importante lorsque les productions atteindront leur potentiel productif maximal. Rien qu'entre 2016 et 2021, les hectares consacrés à la culture de ce fruit à fort caractère exportateur ont été multipliés par 2,5, passant rapidement de 10 300 hectares à près de 26 000, et toutes les projections indiquent que les chiffres officiels pour 2022 feront état d'une nouvelle hausse.
« Il n'y a pas si longtemps, il s'agissait d'une origine à laquelle il fallait demander une offre et maintenant ils ont pris l'initiative et ce sont eux qui proposent des offres. De plus, ils se sont organisés au niveau variétal en se concentrant sur la variété Hass et ils ont l'avantage que l'orographie du pays leur permet de produire des avocats tout au long de l'année. »
« La Tanzanie est un autre pays qui gagne du terrain avec les avocats en Europe, tout comme l'Éthiopie et d'autres pays de la région. Le problème qu'ils doivent encore résoudre est celui du transport, car il s'agit d'un long voyage en bateau et, pour l'instant, ils travaillent par avion. »
« En ce qui concerne la saison mexicaine, elle se poursuivra jusqu'au mois de mai, juste au moment où le Pérou devrait commencer plus fortement et où la saison en Espagne devrait se terminer, bien que cette année la plupart des fruits espagnols aient déjà été cueillis en février », rappelle Francisco. « Les températures de l'automne et d'une partie de l'hiver ont été très chaudes et les avocats ont mûri plus tôt, en plus de la réduction de la saison due au manque d'eau. »
Bien que seuls les chiffres définitifs de la saison puissent révéler l'ampleur réelle de cette baisse, il est certain qu'elle est deux fois plus importante. Les experts du secteur ont déjà estimé qu'elle pourrait atteindre 40 % et l'ombre de l'inquiétude s'étend déjà à la prochaine saison, lorsque les arbres seront en pleine floraison sans avoir reçu suffisamment de pluie pendant un mois de plus.
« Seules les solutions adoptées aujourd'hui permettront de savoir quelle sera la récolte d'avocats Hass en 2024 »
Malheureusement, « nous avons toujours le même problème d'eau. Nous nous trouvons dans une situation très claire de sécheresse majeure qui affecte non seulement les cultures subtropicales, mais aussi l'agriculture en général », rappelle Francisco. « J'ai toujours défendu l'idée que les cultures tropicales ne sont pas responsables du manque d'eau dans l'Axarquía, mais plutôt du manque d'infrastructures de la part de l'administration pour fournir des ressources en eau à une culture qui n'a fait que générer de l'emploi et de la richesse dans la région. »
« En fait, si dans deux mois les raccordements sont effectués pour apporter de l'eau recyclée à cette zone, il n'y aura pas de pénurie d'eau et les pertes de cette année auraient été moindres s'ils avaient été mis en place plus tôt, comme nous le demandons depuis des années dans le secteur. »
« Souvent, les décisions importantes ne sont prises que lorsque nous sommes confrontés au problème, mais dans ce cas, il est peut-être trop tard pour de nombreuses personnes pour qui la culture de l'avocat est un mode de vie. De plus, la prédominance des fruits du Pérou, du Mexique, du Maroc, et maintenant du Kenya, va être de plus en plus grande si nous ne sommes pas en mesure de défendre les fruits que nous avons ici. »
« Lundi dernier, nous avons tenu une réunion dans la plus grande communauté d'irrigation de la région d'Axarquia, au cours de laquelle nous avons discuté de la manière dont nous allons faire face au printemps et à l'été, car les prévisions de précipitations sont faibles. J'espère que les mesures appropriées seront prises pour tirer le meilleur parti de toutes les ressources en eau et que la récolte de 2023/24 ne sera pas compromise et que nous pourrons avoir une meilleure saison à partir de novembre/décembre, lorsque nous commencerons avec l'avocat Fuerte, qui, en raison de l'âge des arbres, devrait avoir une grande année de récolte. Mais seules les solutions adoptées aujourd'hui permettront de savoir quelle sera la récolte d'avocats Hass en 2024 », remarque Francisco de la Torre.
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