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Pierre Monteux, UGPBAN :

La banane française entendue par le gouvernement ?

« La banane française encore et toujours au front », c'est sous ce thème qu'a participé l'Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et Martinique (UGPBAN) à la soixantième édition du SIA. L'objectif ? Attirer l'attention sur les difficultés que traverse la filière tricolore depuis plusieurs années : aléas climatiques, pression sanitaire, baisse de la production (amplifiée par des coûts de production en hausse de près de 40 % entre 2018 et aujourd'hui) ou encore concurrence déloyale. Depuis près de 18 mois, les producteurs n'ont cessé de tirer la sonnette d'alarme. Pierre Monteux, directeur de l'UGBPAN, revient sur cette situation, les demandes formulées par la filière et les récentes annonces du gouvernement.


© UGPBAN

Production en baisse et trésorerie « catastrophique »
Si les surfaces sont stables (8 130 hectares), les rendements eux diminuent. 15 000 tonnes en moins sur l'année 2023 par rapport à 2022. En 10 ans, la banane tricolore a subi une baisse de 30 % de sa production. « Aujourd'hui, nous commercialisons seulement 185 000 tonnes, contre 250 000 tonnes il y a 15 ans. Quand on perd 15 000 tonnes à un prix de vente de 800 €/T et alors que 70 % de nos coûts sont des charges fixes, on se retrouve avec une trésorerie déficitaire, de près de 8 millions d'euros ». Les raisons de cette baisse de production ? La fameuse Cercosporiose noire (due au champignon Mycosphaerella fijiensis Morelet) qui impacte non seulement les rendements mais aussi la qualité des fruits. « Nous sommes la seule filière de production de bananes au monde à lutter contre ce fléau sans moyen de traitement aérien », rappelle Pierre Monteux. Une pression sanitaire de plus en plus forte accentuée par une restriction du nombre de molécule autorisées – elles ne sont plus que trois aujourd'hui, contre neuf en 2019. Mais ce sont également les incidents climatiques de plus en plus récurrents qui frappent une filière déjà fragilisée : les tempêtes tropicales (Fiona en septembre 2022 et Bret en Martinique en juin 2023) occasionnant de lourdes pertes dans les bananeraies, un long épisode de sécheresse (2020-2021) qui ralentit le grossissement des fruits, des températures fraîches (hiver 2022-2023) et enfin des pluies anormalement abondantes (automne 2022) qui favorisent l'essor du champignon.

Le marché de la banane en France est de 740 000 tonnes. Il est approvisionné par trois grandes zones de production : Les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) qui représentent 40 % du marché, l'Amérique latine (Équateur, Costa Rica, Colombie) 38 % et les Antilles 22 %. La production de Banane de Guadeloupe & Martinique représente 185 000 tonnes au total : 55 000 tonnes pour la Guadeloupe et 130 000 tonnes pour la Martinique, 90% de ce volume est destiné au marché français

Concurrence de la banane latino-américaine : « 2024 s'annonce compliquée »
Et « 2024 s'annonce compliquée », note Pierre Monteux. Si le début d'année a été plutôt positif, les négociations avec la GMS ont été difficiles et elles vont acter un prix en baisse. Le chemin fait en 2023 (augmentation de 7 à 8 %) sera certainement fait en sens inverse cette année ; d'où la nécessité d'avoir un accompagnement de la part des pouvoirs publics. » Car comme le rappelle le directeur de l'UGPBAN, le marché européen « est fait par la banane dollar, qui inonde le marché européen ». De même, le problème réside dans les normes sociales et environnementales qui diffèrent de celles imposées aux producteurs de Guadeloupe et de Martinique. La banane latino-américaine bénéficie en effet de nombreux avantages : disparition quasi-complète des droits de douane, utilisation facilitée de produits phytosanitaires (les producteurs français emploient 10 fois moins de produits phytosanitaires à l'hectare que les producteurs du Costa Rica, 9 fois moins que le Cameroun, 8 fois moins que le Panama), possibilité de traitement par voie aérienne, solution aujourd'hui interdite sur le territoire européen qui permet pourtant une lutte efficace contre la cercosporiose noire du bananier et enfin des coûts de main-d'œuvre « hyper compétitifs ».

« Des mesures agro environnementales qui coûtent très cher »
Rotation des cultures, enherbement des bananeraies, désherbage mécanique, éco pâturage… Depuis 2008, la banane française est engagée dans des modes de production vertueux ; une transition agro écologique obtenue grâce aux trois Plans Banane Durable qui se sont succédés. « Nous avons réduit de 83 % l'utilisation des produits phytosanitaires en 15 ans et nous sommes une des seules filières françaises à avoir rempli les objectifs du plan Ecophyto ». Or la mise en place de ces itinéraires culturaux « coûte très cher ». Par exemple, le remplacement de l'usage d'herbicides par une gestion mécanique de l'enherbement dans les bananeraies a généré un coût 4 fois supérieur à l'hectare, de 1 000 à 4 000 euros par an, sans même pouvoir obtenir de revalorisation sur l'aspect commerce ».

Quelles sont les annonces du gouvernement ?
« Des annonces ont été faites », explique Pierre Monteux. En marge du Salon de l'Agriculture, le Président de la République et les filières agricoles ultra-marines se sont réunis à l'Elysée après de long mois de discussions. « Finalement les demandes ont été appréciées positivement », se réjouit Pierre. Parmi les annonces : une aide d'urgence d'un montant de 11 millions d'euros et un dispositif simplifié pour l'assurance récolte. Autres promesses du gouvernement : son soutien à l'usage des drones pour la lutte contre la cercosporiose noire, « solution aujourd'hui éprouvée, fiable et dotée d'une précision quasi chirurgicale réduisant de ce fait la pénibilité et l'impact environnemental », son soutien aux NGT, permettant la culture de variétés tolérantes à la cercosporiose noire et donc un retour à des tonnages proches des 250 000 tonnes, mais « qui promettent des débats denses dans le trilogue qui va s'ouvrir dans quelques mois au niveau européen ».