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Comment la bio peut-elle se réinventer ?

Comment la bio peut-elle se réinventer ? C'était le sujet abordé lors d'une conférence à medFEL 2024. Car après des années de développement, la consommation de produits issus de l'Agriculture biologique au mieux stagne, voire recule : le marché bio des F&L en France affiche un léger repli en 2023 par rapport en 2022 avec baisse de 9 % en volumes et 7 % en valeur. La consommation globale (conventionnel + bio) des F&L est d'ailleurs en recul de 3 % en 2023. En cause ? « Le conteste inflationniste provoquant une baisse en gamme, la concurrence de différents labels ainsi que les différentes phénomènes climatiques », explique Dany La Noë qui évoque un dilemme chez le consommateur « qui est tiraillé entre le souci de fin de mois et le souci de fin du monde ». A noter toutefois une « légère reprise observée cette année dans les magasins spécialisés bio », selon Julien Seité et Remy Frissant.

Quelles solutions s'offrent donc à la filière bio ? Comment peut-elle se maintenir et surtout rebondir ?


Pour en parler : Dany La Noë d'Interbio Occitanie, Olivier Masbou, journaliste associé Agence de presse Socopag, Rémy FRISSANT, Cofondateur d'AMANDERA, Julien Seïté de Ferme Ty Coz, Christian Soler président de l'interprofession bio en Occitanie et Bérengère Duchesne d'Agricommerce.

Faut-il aller plus loin que la bio ? Doit-elle évoluer ?
A la question « La production bio doit-elle évoluer pour mieux produire et mieux valoriser ? », Christian Soler, qui s'est lancé il y a quelques années dans l'agroforesterie, en est convaincu. « Il faut essayer d'avoir un produit à haute valeur ajoutée, et la biodiversité dans mon verger me permet d'avoir un produit de qualité ». Faut-il donc aller plus loin que la bio ? Pour Remy Frissant, co-fondateur d'Amandera, l'agroécologie et plus largement le développement de l'agriculture régénérative « peut aider à conserver des rendements qui nous permettent de continuer à alimenter des territoires dans lesquels on se trouve ».

Même son de cloche pour Bérengère Duchesne d'Agricommerce, qui a développé le label « Les Acteurs du Vivant », un label agroécologique « qui s'articule autour de 4 grands piliers : intelligence collective c'est à dire la capacité des agriculteurs à programmer les changements et à se réinventer et se renouveler, l'optimisation des écosystème (restauration de l'intégrité de l'environnement aussi bien au niveau du sol que de l'air, la conduite agroécologique ainsi que l'efficacité technico économique et énergétique.

« Il faut communiquer sur le prix »
Pour Christian Soler, Président d'Interbio Occitanie, « Il faut mettre en avant le bio grâce à la communication », à l'image de la campagne 'BioReflexe' mise en place avec la région Occitanie avec l'aide de l'interprofession. « Il faut rappeler au consommateur que le bio existe et qu'il est proche de chez lui ». Si beaucoup pointent du doigt l'apparition d'autres labels (type HVE, ZRP) « qui ont fait du mal aux ventes de bio », Christian Soler lui pointe le doigt sur la bio elle-même « le bio doit lui-même trouver des solutions pour se faire entendre. Les autres labels font leur travail à lui de faire le sien ». Dany La Noë le confirme le manque de communication de la filière et insiste sur le fait qu'il faille communiquer sur le prix. « Avant nous avions des gros différentiels de prix, aujourd'hui ce n'est plus le cas puisque parfois le bio est même moins cher, donc il faut dire au consommateur que le bio n'est pas 3x plus cher que le conventionnel ».

Réintégrer l'offre bio avec l'offre conventionnelle ?
"Nous avons remarqué que les magasins qui choisissent d'excentrer leur rayons bio du rayon F&L conventionnel sont en déperdition, tandis que pour ceux dont le rayon fruits et légumes bio est collé au conventionnel, on observe une croissance », explique Julien Seité, gérant de la Ferme Ty Coz. Un fait confirmé par Bérengère Duchesne, responsable qualité chez Agricommerce. « Avec le déclin du bio la grande distribution a eu tendance de manière générale à rationnaliser l'offre en magasin et selon l'implantation on peut effectivement avoir des différences en termes de résultats ». Pour un intervenant dans le public, il faudrait également, "revoir les techniques marchandes" pour redonner envie au consommateur. "Quand on voit la place qu'il lui est accordé en GMS, les étals ne font pas rêver et chez les magasins spécialisés bio non plus, le produit n'est pas bien mis en valeur".

« Valoriser le produit »
Pour Rémy Frissant c'est sur la valorisation qu'il faut miser. « Je suis assez déçu par la distribution bio aujourd'hui. Elle a été hyper innovante pendant 20 ans, elle a su se démarquer en mettant en avant la valeur nutritive des produits, la biodiversité, la protection des sols et de l'eau. Mais elle s'est trompée de combat à partir du moment où elle a voulu mettre du surimi bio dans ses magasins et quand elle a voulu essayer de se battre sur le prix. Si nous ne sommes pas capables de valoriser le produit, de proposer autre chose qu'un produit transformé alors nous continuerons à dégrader nos territoires et la situation de nos producteurs. »

La nécessité d'une politique plus volontariste ?
« Il faut passer à la vitesse supérieure car de nombreux agriculteurs ont fait des investissement en réponses aux attentes sociétales », insiste Dany La Noë, qui pointe du doigt une politique française "limitée". « Les aides d'urgence de l'Etat (90 millions annoncés par le ministère) sont insuffisantes au regard des 300 millions d'euros de pertes par an annoncés par les organisations bio. Au niveau européen on voit que certains de nos voisins ont des politiques beaucoup plus structurantes. Par exemple en Suède, il y a un objectif de 60 % de produit bio en 2030, en Italie l'objectif est de 50 % dans les cantines, en Allemagne objectif de 30 % de bio dans la RHD. Chez nous c'est 20 % de produits bio en cantine par exemple et 50 % dans la RHD ».

Selon les chiffres annoncés par Interbio Occitanie : La France reste leader en surface (toutes filières confondues) avec 2,9 millions hectares suivi par Espagne, Italie et Allemagne. L'Allemagne reste le 1er pays en nombre d'importateurs bio. On observe un repli du CA du commerce de détails bio de 2,8% en UE : Allemagne reste leader avec + de 15 milliard suivi de la France avec 12 milliards. La part de marché bio est en hausse au Danemark, en Autriche, en Suisse, en Estonie et aux Pays-Bas, et en léger recul en France.