Le secteur français des fruits transformés (confitures, fruits en conserves et surgelés ainsi que compotes), représenté par la Fédération française des Industries d'Aliments Conservés (FIAC), rencontre des difficultés d'approvisionnement en fruits, et ce à l'échelle européenne. En cause ? les aléas météorologiques de cette année, liés au dérèglement climatique (gelées tardives, grêle, sécheresse ou encore pluies excessives), qui ont fortement impacté les principales régions de production européennes. À cette situation s'ajoute une tendance haussière sur le prix du sucre sous l'effet d'une baisse des surfaces de betteraves en Europe (-7 % cette année).
En France les volumes destinés à la transformation sont « insuffisants pour couvrir les besoins »
« En France, si les récoltes sont globalement correctes, les volumes orientés vers le secteur de la transformation sont très insuffisants pour couvrir les besoins. Les transformateurs doivent donc continuer à s'approvisionner dans les grands bassins européens, où les prix sont tirés vers le haut par la rareté à un niveau jamais vu car généralisé ».
La production européenne de fruits pour la transformation « en recul structurel »
Au delà des aléas conjoncturels, la production européenne de fruits destinés à la transformation est aussi en recul structurel. Car sous l'effet des aléas climatiques de plus en plus fréquents, « de nombreux agriculteurs et arboriculteurs se détournent de ces cultures au profit d'activités moins exposées. Si rien n'est fait pour soutenir ces filières stratégiques, les volumes disponibles continueront de chuter, entraînant inévitablement une flambée durable des prix et une dépendance accrue aux importations extra-européennes ».
Quelles filières touchées ?
Selon la FIAC, les récoltes catastrophiques dans les bassins de production européens touchent plusieurs filières clés. En framboises, la Serbie qui est le principal bassin d'approvisionnement pour les fruits à destination de la transformation, fait face à une sécheresse exceptionnelle avec près de 40 jours sans pluie, qui a réduit la récolte de moitié. Les prix, eux, grimpent fortement sous l'effet d'une demande soutenue.
En fraises, les pluies et gel en Pologne entraînent une baisse jusqu'à 50 % des volumes. La forte demande en frais accentue la tension sur les disponibilités pour la transformation, avec des prix en hausse.
En abricots, l'Espagne doit faire face à une pollinisation perturbée par les pluies et épisodes de grêle à répétition qui limitent fortement les récoltes et entrainent des hausses de prix majeures. La Grèce et la Turquie sont également touchées, à cause du gel cette fois. En Italie, la récolte est aussi en baisse (prévisions à -19%), ce qui tend fortement le secteur de la transformation sur tout le bassin européen (ES, IT, GR, FR). En France, la récolte affiche un bon volume mais avec de très bon calibre ce qui limite les débouchés industrie, et accroit davantage la tension sur ce marché.
En cerises Griottes : pour la seconde année consécutive, les récoltes sont « dramatiquement basses en Europe de l'Est avec des pertes de 30 à 80 % selon les pays. Le marché, déjà sous tension, voit les prix exploser en deux ans ». Des problèmes de qualité laissent en outre craindre des ruptures d'approvisionnement jusqu'à la prochaine récolte.
En ce qui concerne les cerises noires le gel tardif a réduit fortement les récoltes grecque, turque et bulgare. « Les besoins industriels ne seront pas couverts, et les prix largement au-dessus d'une année normale ».
Pour le cassis : « après une année 2024 catastrophique, la récolte 2025 reste très moyenne et ne permet pas de compenser les ruptures de l'an dernier. L'offre est inférieure aux besoins du marché et les prix poursuivent leur envolée ».
Une situation similaire pour la rhubarbe : après une récolte 2024 historiquement basse, « la campagne 2025 reste très décevante. Les disponibilités pour la transformation sont limitées, avec des hausses de prix marquées dans un contexte de forte tension sur l'ensemble du marché ».
Conséquence ? Les confitures et autres produits transformés à base de fruits voient leurs coûts de revient s'envoler. « Cette situation fragilise les entreprises de transformation de fruits alors que la préservation de leurs marges est une question de survie ».
Pour plus d'informations :
FIAC – Groupe Fruits
ADOCOM RP
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