C’est aujourd’hui que commence les débats à l'Assemblée nationale sur le projet de loi controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour préserver la filière betterave. Suite aux dommages causés par la jaunisse dans les champs de betteraves de l’Hexagone, la réintroduction de semences de betteraves enrobées avec des néonicotinoïdes devrait permettre de protéger les rendements sucriers. Ce type de pesticides avait été interdit en 2018.
Le gouvernement fait donc marche arrière, en s'appuyant sur le règlement européen relatif aux produits phytosanitaires permettant de déroger à l'interdiction en l'absence d’alternative. Plusieurs voix s’élèvent d’ailleurs contre leur usage : 150 personnalités de gauche et écologistes ont toutefois alerté sur le « recul démocratique majeur » que constitue ce projet de loi.
« Les néonicotinoïdes sont persistants, indiquaient Générations Futures et WWF dans un courrier adressé au Ministre de l’Agriculture. Ils sont transportés par la sève dans toute la plante au fur et à mesure de sa croissance, mais seulement 1,6 à 20 % de la matière active est réellement absorbée par la plante, et plus de 80 % contaminent les sols, les cours d'eau et les nappes phréatiques. Dans les sols, ces matières actives toxiques peuvent mettre plusieurs années à se dégrader. (...) On les retrouve donc longtemps après l'arrêt de leur utilisation dans les sols cultivés, dans les plantes y poussant les années suivantes et dans l'environnement des champs traités. »
Pour le ministre, « c'est une question de souveraineté ». Julien Denormandie a aussi précisé que 11 pays producteurs en Europe ont autorisé les dérogations pour les néonicotinoïdes. « Nombre de planteurs, en ce moment même, hésitent à replanter des betteraves » et « si les sucreries ferment, c'est toute la filière de la betterave qui peut disparaître en une ou deux saisons ». Le gouvernement entend aider la filière betterave à juguler la « jaunisse de la betterave » engendrée par un puceron vert (Myzus persicae) qui met à mal les rendements (de 30 % à 50 %, voire à 70% dans certains cas).
La filière sucrière française, qui emploie près de 44 500 personnes dont 25 000 planteurs de betteraves, a affirmé que cette chute du rendement menace sa pérennité. Cependant, pour les opposants, en faisant le choix d'accorder cette dérogation aux betteraviers, le gouvernement privilégie la production du sucre à celle du miel.
Source : lefigaro.fr / terre-net.fr