La Ferme coopérative Tourne-Sol dispose de deux serres pleine-terre en agriculture biologique en Montérégie-Ouest (Quebec). Malheureusement pour la société, impossible d’utiliser l’eau de leur puits artésien car celle-ci est saline. « On n’a pas de problème à irriguer les cultures au champ, car les pluies viennent lessiver le sel, mais dans les serres, ses effets néfastes se sont fait ressentir après quelques années sur certaines productions plus sensibles comme les poivrons, les piments forts et les cerises de terre. Il a donc fallu trouver des solutions », explique Reid Allaway, membre de la coopérative.
La superficie limitée à cinq hectares ne pouvait accueillir un étang d’irrigation. « Le sol n’est pas bien structuré et il a tendance à s’affaisser. Creuser un étang aurait été inutile, mais de l’eau de surface était présente et des échantillons prélevés à la sortie des drains révèlent que cette eau-là n’était pas saline, contrairement à celle du puits. »
C’est alors qu’un producteur voisin, Thomas Dewavrin, leur a présenté un système de récupération des eaux de drainage ingénieux. Une triple galerie de 75 ponceaux de plastique double-parois d’une vingtaine de centimètres de diamètre a été créée, constituant ainsi un réservoir de 30 000 litres. La galerie est stabilisée à l’aide de pierres nettes, augmentant ainsi la capacité de stockage, tandis que le réservoir a été assemblé dans une tranchée d’environ 2 mètres de profondeur sous le chemin d’accès menant aux serres et sous le niveau des évacuations, auxquels il a été relié.
A l’aide d’une pompe submersible domestique modifiée, l’eau a pu être acheminée dans un système de filtration mécanique et de filtration à ultraviolet afin d’être stérilisée. Avec une capacité de 50 litres/minute, ce système satisfait les besoins en irrigation goutte à goutte des serres de la ferme.
Un système qui a été peu coûteux à mettre en place puisqu’il n’a nécessité qu'un investissement de 7000 $ CAD, pièces et main-d’œuvre incluses. Et les résultats sont particulièrement satisfaisants. Malgré un printemps très sec, les réserves d’eau ne se sont pas taries. « Le système est encore en rodage. On a quelques défis au niveau de la filtration. On doit aussi apprendre à connaître la vitesse à laquelle le réservoir va se recharger, ce qui dépend de la météo, mais jusqu’à présent, c’est prometteur », confie M. Allaway.
« On veut avant tout que nos serres soient gérées de façon durable et qu’on finisse par trouver des procédés et des rotations de culture qui permettent d’enrichir le sol tout en nourrissant des familles de la région », conclut le producteur.
Source : laterre.ca