Il y a déjà un an, les saisonniers espagnols travaillant dans des exploitations aux Pays-Bas avaient mis en avant les conditions abusives des agences de travail temporaire du pays. Les saisonniers dénonçant qu’après leur arrivée aux Pays-Bas, basée sur des promesses d’emploi conformément à la loi néerlandaise avec un salaire triplant le minimum espagnol, ils ont été contraints de signer des contrats trompeurs. Aujourd’hui, l’Espagne se bat contre un gouvernement néerlandais sous la pression des syndicats.
Concha Gutiérrez, ministre du Travail du Benelux, déplore que « le problème fondamental » n’arrive pas à être résolu : « disons qu’ils supposent déjà que le problème existe, il y a plus de sensibilisation et de réponse aux cas spécifiques lorsque nous les envoyons, mais nous n’avons toujours pas de solutions aux problèmes sous-jacents : logement, masse salariale négative, contrats zéro heure liés au logement… ».
Les Pays-Bas comptent près de 14 000 agences de travail temporaire. Il s’agit de structure facile à mettre en place et qui ne reçoivent pratiquement aucun contrôle indépendant. Les agences proposent des contrats qui mettent les employés dans des situations instables avec les employeurs, avec des contrats sans garantie d’heures. La première vague de l’épidémie du coronavirus a mis en relief les conditions de vie et de travail abusives auxquelles sont soumis ces travailleurs intérimaires. En effet, la Commission pour la protection des employés migrants a dénoncé qu’il était « impossible » de maintenir la distance dans les foyers, mettant ainsi en exergue la « vulnérabilité » des ouvriers.
Emile Roemer, dirigeant du Comité, a exhorté le gouvernement néerlandais à introduire des réglementations pour ces agences, comme un maximum de deux personnes par chambre et l’utilisation de vélos ou de voitures pour aller au travail, pour remplacer les camionnettes. Par ailleurs, pendant la pandémie, les contacts entre les autorités espagnoles et néerlandaises ont été renforcés « en raison de la crainte que les travailleurs soient suspendus ou licenciés » .
Jusqu’à 80 % des travailleurs migrants gagnent moins de 15 euros de l’heure, sans garantie de jours travaillés ou d’indemnisation de l’employeur pour le logement, le transport et l’assurance. La FNV, les municipalités néerlandaises et les travailleurs temporaires eux-mêmes demandent désormais à l’exécutif néerlandais d’introduire un permis strict pour ces agences, afin de limiter leur prolifération. « La différence fondamentale par rapport à l’année dernière est qu’il y a eu une prise de conscience au sein du ministère, il y a plus d’activité syndicale, des rapports ont été publiés, l’attention est portée au problème et la question est sur la table », indique Concha Gutiérrez.
Source : mon-livret.fr