La faible disponibilité et les problèmes de transport sont autant de thèmes récurrents qui caractérisent le marché actuel du raisin. La baisse de la production péruvienne et la concentration sur le marché nord-américain se répercutent sur les prix en Europe. L'Espagne a également connu des problèmes météorologiques tandis que l'Inde connaîtra d'importants retards en raison de la situation critique en mer Rouge, obligeant les navires à se dérouter. Cette situation ouvre des perspectives aux exportateurs de raisin sud-africains.
Pays-Bas : inquiétudes quant aux retards d'approvisionnement en raisin
« Si les ventes de raisin ont été un peu lentes la semaine précédant Noël, la semaine dernière n'a pas été mauvaise du tout, tant au niveau national qu'international », observe un importateur néerlandais. « Ces dernières semaines, les arrivages de raisins blancs ont été un peu plus importants, notamment en provenance de Namibie. L'offre en provenance d'Afrique du Sud reste un peu en retrait, bien qu'elle ait connu une bonne « semaine d'emballage » la semaine dernière. En définitive, je m'attends à ce qu'il y ait pas mal de fruits sur le marché à partir de la mi-janvier ou fin janvier. Les produits brésiliens sont toujours disponibles ou abondants, ce qui a entraîné une légère baisse du marché au cours de la semaine dernière. Parallèlement, le marché du raisin blanc semble se stabiliser. »
« Le marché des raisins rouges reste limité. Ainsi, le Brésil a presque disparu du marché au profit de la Namibie, l'Afrique du Sud étant à la traîne dans les arrivages en raison du développement insuffisant de la couleur de ses raisins. Pour les raisins rouges, le marché devrait être exigeant jusqu'à la mi-janvier, voire jusqu'à la fin janvier », déclare l'importateur. Cependant, les retards sont de nouveau à l'ordre du jour et promettent de devenir une variable déterminante pour les disponibilités dans les semaines à venir. La semaine dernière, deux immenses bateaux devaient prendre la mer, mais ils sont encore au Cap faute de capacité et en raison de vents redoutables. Cela m'inquiète grandement et je crains que cela n'entraîne des pénuries dans les semaines à venir. Les navires conventionnels sont une alternative, mais ils ne permettront certainement pas d'apaiser complètement cette inquiétude.
Allemagne : baisse des importations en provenance du Brésil au cours de cette saison
Les marchandises d'outre-mer en provenance du Pérou et du Brésil dominent actuellement le marché du raisin. Au cours des semaines 51-52, la disponibilité des lots sud-africains et namibiens a également augmenté de manière significative. Par ailleurs, la saison des raisins italiens touchait à sa fin. Les raisins turcs Sultana ont également disparu de plus en plus du marché. Les raisins brésiliens se vendent actuellement entre 4,10 et 4,30 €/kg, tandis que les produits péruviens et turcs sont commercialisés à des prix légèrement inférieurs de 3,40 à 3,50 €/kg par kilo.
Au Brésil, plus particulièrement, on observe une baisse considérable des exportations d'environ 20 % par rapport à 2021 et 2022. Les producteurs de raisin péruviens souffrent beaucoup de l'effet El Nino cette année. Les conséquences et les répercussions de ce phénomène se feront encore plus sentir en 2024, comme l'explique un importateur de raisin décrivant les défis actuels en matière d'approvisionnement en marchandises.
Amérique du Nord : pénurie d'approvisionnement due aux conditions météorologiques
La saison des raisins de table en Californie s'est terminée prématurément en raison d'un ouragan ayant anéanti une vaste partie de la production de raisins de table dans le sud de l'État. Pour combler un vide sur le marché, le Pérou a commencé à expédier des produits sur le marché américain plus tôt qu'à l'accoutumée. Cependant, la région viticole du nord du Pérou a également été affectée par des phénomènes météorologiques défavorables, causant des pertes de production et des problèmes de qualité. Bien que la production dans la région d'Ica, au sud du Pérou, soit excellente, les exportations globales du Pérou devraient se situer entre 60 et 62 millions de cartons, soit une baisse significative par rapport aux prévisions d'avant-saison qui tablaient sur 73 millions de cartons. Dans le sud de la région d'Ica, la récolte se terminera tôt, la plupart des grands producteurs ayant achevé leur récolte entre la deuxième et la troisième semaine de janvier. La demande de raisins en Amérique du Nord est considérable et, compte tenu de la pénurie de l'offre péruvienne, elle devrait rester stable tout au long de la saison péruvienne, voire plus longtemps. Une fois que le Pérou aura terminé ses expéditions, le marché américain comptera sur le Chili jusqu'à ce que le Mexique commence sa campagne en avril/mai.
Italie : optimisme en fin de campagne
La campagne du raisin de table sicilien s'est achevée avec au moins un mois d'avance. Par le passé, le produit était habituellement stocké pour être commercialisé pendant la période de Noël. Quelques lots en provenance des Pouilles ont été disponibles pendant la période des fêtes, mais en quantités négligeables. Pour l'année prochaine, la production sicilienne envisagera avec beaucoup d'intérêt la reconversion vers les raisins sans pépins, sans négliger les variétés traditionnelles, dans une optique de réorganisation radicale.
La fin de la campagne 2023 laisse entrevoir un certain optimisme pour le raisin de table de l'IGP Mazzarrone. Des rendements inférieurs ont été enregistrés en raison des conditions climatiques ayant naturellement favorisé la sélection de certains vignobles désormais âgés. Les producteurs sont déjà occupés à réorganiser et à replanter les vignobles avec de nouvelles variétés sans pépins, en particulier des variétés tardives et blanches. Néanmoins, la variété 2023 Italia a été très favorablement accueillie par les marchés, grâce à son goût exceptionnel et à son arôme muscaté.
Sur les principaux marchés de gros italiens, les raisins blancs espagnols Aledo (à environ 4,50 €/kg) et les raisins péruviens Red Globe (à environ 3,50 € -3,60 €/kg) sont actuellement disponibles.
Espagne : pertes plus importantes que prévu dues à la chaleur
L'année 2023 s'est achevée sur des prix très élevés pour le raisin de table en Espagne, en raison d'une baisse des volumes de raisins blancs à pépins traditionnels produits dans le pays, ainsi que de raisins sans pépins en provenance du Pérou. La saison des raisins sans pépins domestiques s'est achevée au début de cette année. Les pertes ont été beaucoup plus importantes que prévu en raison de l'impact de la chaleur, qui a également accéléré la fin de la campagne de commercialisation. En effet, la quantité de raisins stockés n'a pas pu être aussi importante. En Espagne, les prix ont été bas, tandis que les prix à l'exportation ont été excellents, indique un producteur exportateur.
La campagne de la Saint-Sylvestre sur le marché intérieur, où la consommation de raisin explose chaque année, a été marquée par une forte demande associée à une faible disponibilité. Cela s'est traduit par des prix beaucoup plus élevés que ceux de la saison dernière à la même période. Les raisins blancs traditionnels Aledo avec pépins de la vallée de Vinalopó, à Alicante, ont enregistré une baisse notable de la production suite aux tempêtes de grêle de la fin du printemps, sans oublier les températures élevées ayant accéléré leur maturation et altéré leur qualité. Cela s'est traduit par des prix nettement plus élevés au cours de l'année écoulée. Les raisins blancs sans pépins étant particulièrement chers cette année, de nombreuses chaînes de supermarchés espagnols se sont tournées vers les variétés sans pépins importées, lesquelles font également l'objet de pénuries, étant donné que le Pérou, l'origine la plus importante pour les raisins sans pépins à l'heure actuelle, a enregistré une baisse de 30 % de la production avec des problèmes de qualité. Les prix des raisins péruviens, même s'ils ne sont pas aussi élevés que ceux des raisins épépinés espagnols, ont également augmenté à cause d'une offre plus faible et de coûts de production plus élevés. Cela ne s'est toutefois pas traduit par une baisse de la consommation.
Portugal : fin des ventes au cours de la dernière semaine de novembre
La campagne portugaise s'est poursuivie avec un volume élevé jusqu'à la fin. Normalement, la saison se termine à la fin du mois de décembre. Mais cette année, les ventes se sont terminées au cours de la dernière semaine de novembre pour les raisins rouges et blancs sans pépins. La demande a été massive en Europe, explique un exportateur. « Nous avons été surpris par la demande accrue sur le marché européen, en particulier à la fin de la campagne, avec une augmentation comparée aux années précédentes. Les variétés Autumn Crisp et Sweet Celebration se sont particulièrement bien vendues. Elles ont fait l'objet de réactions extrêmement positives en raison de leur qualité. La difficulté majeure de la saison a très probablement été de percevoir les différences de chacun de ces nouveaux marchés afin de s'y adapter. Trouver de nouvelles voies requiert une certaine spécialisation et une attention particulière aux détails. »
Inde : la situation en Mer Rouge pose un réel problème pour les exportations de raisin vers l'Europe
La production abondante de l'Inde aurait dû permettre de doubler les volumes d'exportation vers l'Europe cette année par rapport à l'année dernière. Cependant, la perturbation actuelle des expéditions causée par la récente attaque d'un navire commercial dans la région de la mer Rouge a clairement eu un impact notable sur les expéditions de raisins de table indiens. La plupart des compagnies ont indiqué avoir maintenu les navires en mer ou avoir détourné un nombre réduit de navires vers des ports européens via le Cap. Elles pourraient également modifier le programme des navires censés emprunter la route passant par la mer Rouge.
Ces nouvelles routes augmenteront les délais et les coûts pour tous ceux qui veulent exporter leurs produits, ce qui représente une réelle différence lorsqu'il s'agit de produits frais. Quelques agents logistiques ont également mentionné que les navires pourraient commencer à emprunter la route du Cap, plus longue, pour rejoindre l'Europe depuis l’Asie. Cela coûtera plusieurs centaines de dollars supplémentaires par rapport aux anciens tarifs et nécessitera 10 à 15 jours de voyage en plus. Bien qu'aucune déclaration officielle n'ait encore été faite, il se pourrait qu'une « surtaxe pour risque de guerre » soit bientôt facturée.
Afrique du Sud : un marché intérieur solide
Les vendanges battent leur plein. La Namibie a terminé ce qui semble être une excellente saison, tandis que la région du nord termine une campagne avec une qualité satisfaisante, indique un exportateur. Les pluies qui se sont abattues sur la rivière Hex à la fin de l'année ont entraîné une fin hâtive des variétés précoces ; un certain nombre de sources ont confirmé que les variétés ARRA Passion Fire, Starlight, Prime et Tawny ont été particulièrement touchées par l'éclatement des baies.
Toutefois, une source industrielle souligne que les variétés précoces de la Hex River ne constituent qu'une très petite partie des volumes totaux de raisin de l'Afrique du Sud (le Crimson, un pilier de la région, commence la semaine prochaine) et que la perte de raisins pourrait avoir un effet négligeable sur les exportations de l'Afrique du Sud. Le marché intérieur du raisin est fort, offrant un contrepoint solide aux exportations, d'autant plus que deux navires chargés de raisins et d'autres fruits se trouvent au port du Cap depuis près de deux semaines.
Le Pérou s'est concentré sur l'Amérique du Nord (la réduction des volumes au Pérou affectera principalement les variétés tardives arrivant actuellement) tandis que l'impraticabilité de la mer Rouge va forcer les exportateurs indiens de raisin à envoyer leurs produits vers l'Europe à un coût beaucoup plus élevé autour du Cap de Bonne Espérance. Les fournisseurs indiens de raisin seront ainsi plus proches de leurs homologues sud-africains en termes de coûts de fret et de temps de transit jusqu'au marché. Le commerce avec l'Asie du Sud-Est commencera à se redresser au cours des prochaines semaines. Ces marchés sont très spécifiques en ce qui concerne les variétés qu'ils acceptent, lesquelles incluent généralement des variétés plus tardives.
Royaume-Uni : offre insuffisante à l'approche de Noël
La saison des raisins péruviens a souffert de l'impact d'El Nino, observé dans les deux principales régions productrices. À Piura, dans le nord du pays, les vendanges ont commencé plus tôt, ce qui a entraîné une baisse des rendements d'environ 40 %. « Le Pérou est connu pour la grande qualité de ses raisins. Les gens y sont habitués », a déclaré un importateur britannique. « Outre la baisse des rendements qui affectera les exportations vers l'Europe, le marché nord-américain est à court de produits après la fin précoce de la récolte californienne. Beaucoup de raisins y sont envoyés à un prix élevé. »
Dans la région d'Ica, au sud du pays, les producteurs s'inquiètent également des conditions météorologiques, en particulier de la pluie au cours de la récolte. « Les plus gros producteurs ont taillé les vignobles tôt pour commencer la récolte avant les éventuelles précipitations. Cela a entraîné un chevauchement de l'offre, ce qui se traduira par une baisse des volumes au cours de la deuxième moitié de la saison. »
En raison de la baisse des volumes, l'UE paye plus cher. L'offre a été insuffisante jusqu'à Noël, car les producteurs de l'hémisphère nord n'ont pas eu une saison propice. De même, la qualité générale des raisins brésiliens est médiocre. L'offre de la Namibie a couvert la demande à Noël.
Belgique : disponibilité des raisins rouges inférieure à celle des raisins blancs sans pépins
Le marché du raisin est actuellement dominé par le Pérou. C'est ce qu'indique un négociant belge. « Tout ce qui arrive est vendu quasi immédiatement. Toutefois, le volume en provenance du Pérou est inférieur de 20 à 25 % à celui des autres années. Cela s'explique principalement par le fait qu'une partie plus conséquente est destinée aux États-Unis. Ils peuvent également y travailler à des prix élevés. Quant aux frais de transport, ils sont nettement inférieurs. Nous en voyons les conséquences principalement dans le secteur des variétés rouges sans pépins. Nous avons très bien terminé l'année dernière, mais aujourd'hui, les prix sont comparables à ceux que nous avons connus à la fin de l'année dernière. Toutefois, la différence entre les deux couleurs n'est pas particulièrement grande. Le rouge est moins disponible que le blanc sans pépins, mais les prix sont en général pratiquement les mêmes au kilo. Nous travaillons également avec les graines et cela se passe bien. Bien que les volumes soient nettement inférieurs à ceux des semences sans pépins, la demande est généralement moins importante, ce qui permet de maintenir un équilibre harmonieux entre les deux couleurs. »
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