Sur de nombreux marchés de différentes parties du monde, les prix des oignons sont extrêmement élevés, voire quasi historiques. Cette situation est due à plusieurs facteurs. De plus, les pénuries sont exacerbées par la prolongation des interdictions d'importation d'oignons dans les pays traditionnellement gros exportateurs, à savoir l'Inde et l'Égypte. Les importateurs européens se sont tournés vers la Chine pour obtenir davantage d'oignons suite à ces interdictions et à la baisse de la production dans la plupart des pays d'Europe. Toutefois, les attaques en Mer Rouge retardent les expéditions en provenance de Chine. Les exportateurs sont satisfaits de l'augmentation massive de la demande européenne et nationale, mais les exportateurs chinois sont prudents en raison de cette difficulté d'acheminement. Au cours des six derniers mois, le prix en Chine a augmenté de près de 30 %. Les pays voisins de l'Inde subissent de plein fouet l'interdiction d'exporter, ce qui a pour effet de gonfler les prix sur leurs marchés. L'Allemagne enregistre des prix élevés pour les oignons nationaux et importés d'Espagne en raison d'un volume de récolte plus médiocre. Compte tenu des prix élevés, les producteurs espagnols devraient augmenter leur production cette année. Quant à l'Italie, elle connaît un marché de l'oignon complexe avec des prix extrêmement élevés.
Les prix des oignons autrichiens ont commencé à augmenter tandis que la région manifeste de l'intérêt pour l'exportation. Le Danemark a enregistré une augmentation de la demande de la part du reste de l’Europe. Cependant, il n'est pas en mesure de répondre à toutes les commandes supplémentaires, l'offre étant destinée à des clients sous contrat dans le pays ainsi qu'en Allemagne. Les exportateurs néerlandais indiquent qu'à ce niveau de prix, il est difficile d'être compétitif sur le marché mondial de l'oignon. En Amérique du Nord, le Mexique dispose de stocks d'oignons plus faibles en raison de l'impact des orages et des ouragans survenus au mois d'août de l'année dernière, lesquels ont entraîné une baisse de la production. La pression sur l'offre d'oignons en Amérique du Nord pourrait se faire sentir jusqu'en août, car les Mexicains se tournent vers les États-Unis pour s'approvisionner. L'est du Canada a reçu beaucoup de pluie, affectant ses cultures. L'offre d'oignons doux du Pérou vers les États-Unis a également été insuffisante, laissant les oignons blancs à des prix élevés pour ainsi dire historiques. Le Pérou a également augmenté ses exportations d'oignons vers l'Espagne pour combler le vide laissé par l'interdiction de l'Égypte.
Allemagne : prix élevés, manque de gros oignons
Les prix des oignons nationaux et espagnols sont relativement élevés, ce qui s'explique en partie par le faible volume de la récolte. Les grossistes ont tendance à acheter les plus gros calibres de plus de 70 mm, tandis que les détaillants et les ménages achètent des calibres de 35 à 50 mm. Cependant, les gros oignons font tout simplement défaut. De nombreuses exploitations agricoles en Espagne ne veulent pas encore vendre leurs oignons en attendant des prix plus élevés. C'est pourquoi les prix augmentent continuellement en ce moment, explique un grossiste en oignons.
Les ventes d'oignons biologiques ont augmenté régulièrement au cours des dernières années. La proportion d'oignons biologiques ne cesse d'augmenter, notamment en raison des emballages plus petits. Les oignons rouges sont vendus en unités de 300 à 500 grammes, tandis que les oignons jaunes sont principalement vendus en paquets de 500 g à 1 kg. En outre, le marché des oignons biologiques se caractérise par une pression relativement faible sur les prix.
Autriche : diminution des volumes d'exportation
Après un net ralentissement au cours du second semestre, le prix à la production des oignons en vrac, triés dans des caisses, a récemment recommencé à évoluer pour atteindre une moyenne de 42,50 € par tonne (+5 % par rapport au mois précédent). Outre la progression des ventes sur le marché intérieur, l'intérêt pour les produits autrichiens se manifeste également sur les marchés d'exportation. Les gros oignons sont particulièrement demandés.
Italie : prix très élevés
La situation sur le marché italien de l'oignon est complexe et les prix sont excessivement élevés. Comme le confirme un négociant du nord de l'Italie, fin janvier, les oignons blancs étaient vendus au détail à 1,40 €/kg (sac de 1 kg), tandis que le prix des oignons blancs en sacs de 10 kg était légèrement inférieur, autour de 1,20 €/kg. Les prix des oignons rouges étaient également très élevés (1,20 €/kg), tandis que les oignons jaunes connaissent à présent une nouvelle hausse, avec des prix avoisinant 0,90 €/kg. Le négociant craint que les stocks de l'ancienne production ne puissent être écoulés lors de la nouvelle récolte. Il pourrait en résulter une pénurie de stocks.
L'Inde a bloqué les exportations d'oignons blancs jusqu'au 31 mars au minimum. L'Italie a importé des quantités massives ces dernières années. Le canal de Suez étant bloqué, les oignons blancs indiens risquent d'arriver à la mi-mai, trop tard pour le marché italien. La différence pourrait être faite par la production sicilienne, qui devrait arriver à partir de la mi-avril, si elle est suffisante pour répondre à la demande nationale.
En Italie, 78 % des ménages achètent régulièrement ce produit : pour faire face à l'augmentation du coût des denrées alimentaires, les consommateurs achètent peu à la fois, évitant ainsi les ruptures de stock et le gaspillage.
Espagne : stocks restreints
À ce stade de la campagne, les stocks d'oignons espagnols sont inférieurs aux prévisions, ce qui a entraîné une baisse des exportations de près de 6 % au cours des trois derniers mois. Les négociants espagnols sont incertains quant à la disponibilité des oignons. Ils ne savent pas si elle sera suffisante avant le début de la nouvelle récolte, les importations en provenance de l'hémisphère sud (principalement de Nouvelle-Zélande et d'Australie) étant susceptibles d'être retardées de 15 à 20 jours en raison du conflit avec les Houthis dans la mer Rouge.
Quoi qu'il en soit, les ventes sont actuellement calmes, voire ralenties en raison des barrages routiers en France et en Belgique. Du moins, la faible demande actuelle permet de bien doser l'offre disponible. Les prix restent élevés pour cette période, autour de 68-70 cents par kilo pour les sacs de 25 kg.
On s'attend à ce que les surfaces cultivées augmentent de manière significative pour la saison 2024/2025. En effet, les semenciers ont déjà fait état d'une croissance remarquable des ventes, en particulier pour les variétés précoces dans le sud de l'Espagne (Andalousie et Murcie). La superficie cultivée a déjà augmenté de 16 % pour la saison 2023/2024 et elle augmentera davantage cette année, ce qui devrait permettre de rattraper la baisse de 30 % enregistrée il y a deux saisons. Cette évolution est due aux résultats particulièrement satisfaisants en termes de bénéfices de ces deux dernières saisons, qui attirent davantage de producteurs non spécialisés.
Danemark : demande accrue du reste de l'Europe
Les producteurs et les exportateurs danois ont constaté une demande beaucoup plus importante d'oignons comme légume de base pour l'hiver en raison du temps plus froid en Europe. Cependant, ils ne disposent pas d'un volume suffisant pour répondre à cette augmentation de la demande.
Jusqu'à présent, le Danemark a connu un hiver clément, sans neige ni conditions météorologiques particulièrement défavorables, comme celles observées dans le reste de l'Europe. Cela lui permet d'avoir une production d'oignons très stable.
Un négociant a déclaré que les volumes produits n'étaient pas suffisants pour répondre à la demande accrue de l'Espagne et de l'Italie. Ils fournissent beaucoup d'oignons à leurs principaux clients contractuels au Danemark et en Allemagne, mais les prix ne sont pas beaucoup plus élevés malgré les volumes d'oignons plus faibles sur ces marchés.
Chine : exportations et augmentation des prix en raison de la demande accrue européenne
Ces derniers mois, les prix des exportations chinoises d'oignons ont augmenté. L'annonce d'une prolongation de l'interdiction des exportations d'oignons par l'Égypte a entraîné une forte hausse des prix des oignons.
Les oignons rouges représentent la principale demande du marché. De ce fait, le prix des oignons jaunes a également augmenté jusqu'à un certain point. Les oignons rouges de haute qualité font défaut sur le marché, les commandes du marché européen augmentent rapidement pour répondre à une demande massive. Au cours des six derniers mois, le prix a augmenté de près de 30 %.
Cette demande massive s'explique par les raisons suivantes : premièrement, la récolte dans les zones de production européennes n'a pas été aussi bonne que prévu cette année. Cela a entraîné une pénurie d'oignons sur le marché européen et une demande accrue de produits importés. Deuxièmement, l'Égypte a récemment décidé de prolonger l'interdiction d'exporter des oignons. L'Égypte est une source importante pour l'importation d'oignons en Europe. Après la prolongation de l'interdiction d'exporter, de nombreuses commandes européennes ont été transférées à la Chine, ce qui a fait grimper les prix. De surcroît, certains commerçants locaux stockent des oignons pour spéculer sur les prix, ce qui accélère la hausse des tarifs.
Par ailleurs, en raison des attaques dans la mer Rouge, les expéditeurs de la Chine vers l'Europe sont contraints de faire des détours, ce qui allonge considérablement le temps de transport et accroît le risque de pourriture. Par conséquent, à ce stade, les exportateurs chinois sont plus prudents en ce qui concerne les commandes d'oignons en provenance d'Europe.
États-Unis : la pression sur l'offre d'oignons nord-américains pourrait se faire sentir jusqu'au mois d'août
L'offre d'oignons est très faible en raison de nombreux facteurs, notamment l'ouragan Hilary à la fin du mois d'août qui a détruit la récolte d'oignons de Baja Mexico. Cela signifie que l'offre qui aurait dû être en croissance et prête à approvisionner le marché intérieur mexicain était indisponible. Les oignons américains sont donc achetés.
Par ailleurs, l'est du Canada a connu des pluies abondantes au moment de la récolte, ce qui a eu un impact sur les cultures. Si l'on ajoute à cela les pluies liées à l'ouragan qui se sont abattues sur la Treasure Valley à la fin du mois d'août pendant la récolte, les pertes de production ont été plus importantes que prévu.
En outre, la récolte d'oignons doux du Pérou a été extrêmement faible cette année, si bien que les États-Unis ont fourni des oignons doux nationaux à la place des oignons doux péruviens durant la majeure partie de l'année.
Les oignons blancs se retrouvent ainsi à des prix presque record. Il faudra attendre la prochaine récolte d'oignons blancs qui aura lieu au Mexique au début du mois de février. L'offre d'oignons jaunes n'est pas aussi désastreuse, mais les prix se situent dans le haut de l'échelle. Les oignons rouges moyens et géants sont à 12 $ FOB.
Inde : hausse des prix dans la région en raison de l'interdiction d'exporter
Les exportations indiennes d'oignons, qui s'élevaient à 561 millions de dollars en 2022-2023, devraient diminuer considérablement en 2023-2024 en raison d'une interdiction d'exportation de huit mois. Cette situation affecte non seulement les agriculteurs, mais aussi les négociants, qui sont particulièrement touchés par le calendrier de cette interdiction, qui coïncide avec la période de renouvellement des contrats internationaux en janvier. L'interdiction d'exporter a entraîné une hausse des prix des oignons dans les pays voisins tels que le Népal, le Bangladesh, le Sri Lanka, le Bhoutan et la Malaisie, qui dépendent de l'Inde pour leur approvisionnement dans ce domaine. Les négociants s'inquiètent des conséquences financières à long terme. L'interdiction entraîne également une perte de parts de marché pour les exportateurs indiens, dans la mesure où des pays comme la Chine et le Pakistan prennent l'avantage en fournissant des oignons à des pays qui dépendaient auparavant de l'Inde.
Pays-Bas : difficile d'être compétitif sur le marché mondial de l'oignon à ce niveau de prix
Les exportations néerlandaises d'oignons connaissent des semaines calmes. Celles à destination de l'Afrique sont terminées et l'accent est désormais mis sur les ventes européennes. Toutefois, de nombreux clients européens considèrent du moins que les oignons sont trop chers. Un exportateur indique qu'un nouvel ordre mondial semble émerger dans l'industrie de l'oignon, avec la Chine et l'Égypte gagnant en influence. « En Europe, les agriculteurs sont acculés sous le couvert de réglementations, ce qui entraîne une hausse des prix des denrées alimentaires. Malgré l'augmentation des coûts, la spéculation est devenue un moyen lucratif de maintenir les prix à un niveau élevé. Je pense que nous avons oublié que nous devons exporter la majeure partie de la récolte. Il reste à savoir comment se déroulera cette saison, mais je crains que le marché des oignons jaunes soit délicat, car nous ne pouvons pas concurrencer les pays environnants à ce niveau de prix. Par ailleurs, nous sommes très en retard dans les chiffres d'exportation par rapport à la saison dernière. »
Pérou : augmentation des exportations vers l'Espagne
En 2023, l'interdiction d'exporter des oignons d'Égypte a représenté une opportunité pour les oignons péruviens en Europe qui, malgré une contraction de 12 % des volumes totaux expédiés, ont conclu (selon les données disponibles jusqu'en novembre) à une croissance de 2 % de la valeur exportée par rapport à la même période en 2022, à la suite d'une augmentation des prix sur le marché international.
L'Espagne est devenue le deuxième importateur d'oignons péruviens, après avoir augmenté ses achats de 53 % en volume et de 91 % en valeur par rapport à 2022. Le pays détient ainsi une part de 24 %, selon les données d'un fameux cabinet de conseil péruvien.
Les États-Unis ont été une fois de plus la principale destination avec une part de 58 %, mais avec des baisses de 24 % en volume et de 16 % en valeur ; bien qu'ils n'aient pas été la seule destination dans le top 3 avec des résultats en baisse. La Colombie, précisément déplacée à la troisième place par la montée de l'Espagne, a diminué ses achats de 22 % en volume et de 23 % en valeur.