Dans le Finistère, l’exploitation de tomates de Philippe Léon est à la pointe de la technologie : luminosité, température, hygrométrie ou encore qualité de l’air, tout est mesurable et contrôlable depuis un moniteur. « C’est le tableau de bord pour surveiller l’ensemble de mes pieds. Ces indicateurs me permettent aussi d’affecter mes 25 salariés à des tâches précises. A 8h30, chacun a son programme pour la journée ! », déclare l’agriculteur de 55 ans.
Avec ses trois serres sur 3 hectares, il dégage un rendement de 1 200 tonnes de tomates à l’année, représentant jusqu’à 1,8 million d’euros de chiffre d’affaires. Cette « agriculture de précision » est caractéristique des producteurs sociétaires de Savéol. Les cultures poussent hors-sol où tout est piloté par la technologie.
Créée en 1962, Savéol est l’idée qui a germé chez une quinzaine de petits exploitants basés autour de Brest. Ils se sont inspirés des serres néerlandaises afin de « protéger les plantations et améliorer les rendements », explique Pierre-Yves Bertin, l’actuel président. C’est dans les années 90 que la coopérative investit largement dans l’innovation afin de concurrencer les productions espagnoles, marocaines et hollandaises.
En 2019, la coopérative bretonne a récolté 76 000 tonnes de tomates, soit 15 % de la production nationale. Elle est leader français de la tomate avec des ventes de 170 millions d’euros en 2019. Elle produit aussi des fraises comme la Gariguette, pour un chiffre d’affaires annuel atteignant les 30 millions d’euros. Même si la technologie règne dans les exploitation Savéol, la main-d’œuvre tient un rôle essentiel. La coopérative emploie un millier de salariés permanents et jusqu’à 2 000 CDD, recrutés en local.
Grâce à la technologie, Savéol a su développer une marque premium dont la notoriété assistée approche les 75 %. Aujourd’hui, le groupement breton travaille avec les semenciers Limagrain et Syngenta afin de tester des dizaines de variétés hybrides dans ses serres laboratoires. Grâce à ses expérimentations, Savéol a sorti des variétés uniques comme la Divinina, une tomate ronde charnue qui connait un grand succès dans les rayons de Grand Frais depuis trois ans.
La seule faiblesse de la coopérative est le bio, notamment en raison des lois promulguées récemment sur la production sous serre. Afin de répondre sur le marché, Savéol s’est associée avec Prince de Bretagne et Solarenn, ses concurrents, pour mettre en avant le label « sans pesticides », une troisième voie entre le conventionnel et le bio. « La part de la production concernée devrait doubler dans les cinq ans. Nous pensons que science et nature peuvent faire bon ménage », conclut Pierre-Yves Bertin.
Source : capital.fr