Entre le changement climatique et la prolifération des mouches, la filière sénégalaise de la mangue se retrouve en situation de crise.
À Thiès, lors de l’ouverture d’une formation de dix jours sur les bonnes pratiques de production, de récolte et de conditionnement, organisée par la Fondation origine Sénégal/fruits et légumes (Fos), en collaboration avec l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (Adepme), les acteurs de la filière ont fait un constat catastrophique.
« La quantité totale de mangues exportées cette année est estimée à 13 mille tonnes. Ce qui est très en deçà des ententes déjà projetées, mais aussi du potentiel exportable de la mangue au Sénégal, estimé à 25 mille tonnes attendues », a indiqué Papa Amadou Sidibé, administrateur général de la Fos.
Les principaux facteurs expliquant cette baisse sont tout d’abord « les effets du changement climatique avec des périodes fraîches très défavorables au début de la première fructification qui a entraîné la chute des fruits ». Le manque d’humidité dans l’atmosphère au début de la saison et, lors du dernier cycle de production, un « excédent de pluie accompagné d’une pullulation de mouches des fruits qui a fait que les mangues ont subi d’abord des maladies cryptogamiques et de l’autre côté aussi il y a eu des attaques entomophages qui ont vraiment péjoré la production exportable et la qualité de la mangue », ont aussi contribué à ce résultat.
« Au Sénégal, notre mois le plus fort, c’était juillet. Mais cette année, on a arrêté l’exportation. Du 5 juillet jusqu’au 28 juillet, il n’y avait pas de mangues exportables, parce que dans la première génération, il y avait des chutes. Et la deuxième génération a repris en août. Pendant ce temps, il y avait beaucoup de pluies et les mangues ont pris beaucoup d’eau. Ce qui a fait que beaucoup de mangues ont commencé à regermer, parce que le noyau avait déjà pris l’eau », précise Mamour Guèye, président de la Plateforme mangue zone des Niayes.
Le problème des mouches, qui fait « des dégâts considérables », ne connaît pas de solution pour le moment, « malgré les initiatives de lutte mises en œuvre depuis plusieurs années ».
Le président du Collège des exportateurs et commerçants du Sénégal a averti qu’« il y aura des exportateurs et des sociétés qui ne seront pas opérationnels avec les dégâts collatéraux ». Surtout que « les fonds du Force-Covid-19, destinés aux impactés de la filière, ne sont pas disponibles ». Il en appelle à l’État de soutenir la culture et les producteurs de cette filière au « potentiel de production annuelle de 150 mille tonnes », mais qui, depuis 2018, voit ses exportations de mangues régresser d’année en année ».
Source : lequotidien.sn