En Seine-et-Marne, Frédéric Coibion, un jeune agriculteur de Farmoutiers, se voit contraint de se débarrasser d'une trentaine de tonnes de pommes de terre. En effet, la clientèle de son exploitation est constituée majoritairement de brasseries ou kebabs de Paris. Le confinement a donc ralenti l'écoulement de ses légumes, mettant son exploitation en sérieuses difficultés, avec un manque à gagner de 40 000 €.
« La Covid, ça m'a bien mis dedans. J'ai encore 100 tonnes de patates à écouler. » La nouvelle récolte est en train d’arriver alors que la précédente est toujours sur ses bras. « Normalement, courant mai, on n'a plus rien en stock », précise Frédéric.
Au début du confinement, le jeune agriculteur avait dans ses réserves 150 tonnes de pommes de terre, 10 tonnes d'oignons et 3 tonnes de céleris. Il a réussi à écouler ses oignons mais a dû se débarrasser des céleris. « Je n'ai pas trouvé de débouchés », se plaint-il. « 75 % de notre clientèle c'est la restauration. Pas de restauration cela veut dire pas de vente. »
Il avait décidé de vendre les 100 tonnes de pommes de terre restantes en vente directe mais l’écoulement ne se fait pas assez vite : « j'en vends 1 à 2 t chaque samedi. Je ne vois pas mon stock descendre. À ce rythme, il me faudrait 50 semaines pour tout écouler. Je pense que je vais devoir mettre le reste à la méthanisation. »
Ainsi, il va se délester de 30 t qu'il devra laver et transporter jusqu'au méthaniseur. « Le produit de la vente couvre ce lavage et le transport. », précise-t-il.
Sur les 5 000 fermes de la région Île-de-France, la moitié se trouve en Seine-et-Marne. « Nous avons identifié pendant le confinement 500 exploitations présentant un profil pouvant être gêné. Finalement, une cinquantaine de fermes a vraiment été en difficulté, dont à peu près la moitié en Seine-et-Marne », explique l’agriculteur. Plusieurs initiatives ont été mises en place pour aider les exploitants, comme des aides logistiques pour acheminer les récoltes aux clients, la mise en relation avec de nouveaux acheteurs dont les grandes surfaces, ainsi qu’une aide pour se développer sur Internet. Ceux qui ont le mieux réussi sont ceux qui avaient déjà mis en place la vente directe auprès des consommateurs avant le confinement.
Source : leparisien.fr