A Saint-Rémi, au Québec, Clermont Riendeau, président du Potager Riendeau, est contraint de détruire son champ de laitue à coup de tracteur suite au manque de travailleurs étrangers. « On est obligés d’enfouir un champ complet de laitue parce qu’il nous manque une bonne vingtaine de travailleurs mexicains et qu’une dizaine sont en quarantaine. On doit tout détruire avec nos tracteurs », se plaint l’agriculteur. « Si on avait notre monde, on pourrait faire notre désherbage, mais on n’a pas assez de bras, alors on doit faire une croix sur plus d’un demi-million de dollars de la récolte ».
Selon la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME Québec), seulement 65 % des travailleurs étrangers attendus pour les récoltes sont arrivés sur le territoire. « Plus de 75 % des Guatémaltèques (4 800) sont arrivés au Québec, mais du côté des Mexicains, ce chiffre fond à 57 % (3 533) », a indiqué Fernando Borja, directeur général de la fondation. Du côté du consulat du Mexique à Montréal, on attribue ses délais à la crise sanitaire due au coronavirus qui touche gravement ces pays.
Clermont Riendeau a placé ses 40 travailleurs guatémaltèques arrivés au Canada sur ses autres champs de laitue et d'oignons. Il doit par ailleurs payer plus de 60 000 $ CAD de facture pour ceux qui sont en quarantaine dans des chambres d’hôtel louées à Montréal. En tout, sa trentaine de travailleurs, passée par la case quarantaine, lui aura coûté 37 800 $ en frais d’hôtel et 25 580 $ en salaire.
Par ailleurs, le prix de la caisse de laitue a perdu 6$ CAD depuis le début de la crise. Une situation qui inquiète Agro Québec : « c’est extrêmement préoccupant. Sans parler de la canicule. Arroser, c’est complexe, ce n’est pas simple. Les gens pensent qu’il suffit d’ouvrir les robinets. Ce n’est pas comme ça que ça marche. Il faut des travailleurs », précise son président, André Michaud.
Afin d’aider les agriculteurs, une partie des frais engendrés par la quarantaine sera épongée par le gouvernement du Québec. De plus, un programme a été mis en place afin de faire appel aux travailleurs de la province pour qu'ils se rendent dans les champs. « Il y a 2 000 Québécois admissibles à notre programme. On a une banque de milliers de candidatures, alors on invite les producteurs à faire appel à cette main-d’œuvre », explique Charles-Félix Ross, directeur général de l’Union des producteurs agricoles (UPA). Malheureusement, la réponse n’est pas à la hauteur des attentes : « ce sont des tâches physiques, avec la chaleur, c’est quand même exigeant. C’est de longues heures. Il y a un certain nombre de Québécois qui ont réalisé, après quelques heures au champ, que ce n’était pas fait pour eux », précise Isabelle Charron, PDG du Groupe Agéco.
Source : tvanouvelles.ca